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progression, nous pourrions emprunter 74 milliards de dollars. » Les Alliés peuvent se rassurer. Aucun crédit ne sera refusé pour conduire la guerre avec le maximum d’efficacité.


LE RAVITAILLEMENT DES ALLIÉS ET LES RESTRICTIONS

L’autre aide capitale, le ravitaillement des Alliés, sera accordée avec une égale générosité. Dès la déclaration de guerre le Président a montré à tous le devoir d’éviter le gaspillage, la nécessité des restrictions, et de l’intensification générale de toutes les productions. Mr. Hoover, dont la popularité aux États-Unis est énorme, sera nommé dictateur des vivres, maître suprême du ravitaillement de tous les Alliés. La situation est d’ailleurs grave. Au début d’avril, le ministère de l’Agriculture publie le bulletin agricole le plus alarmiste qui ait jamais paru (Chicago Tribune du 8 avril). Le blé d’hiver donnera moins des deux tiers de la récolte habituelle. Le blé de printemps a souffert des gelées. Partout les surfaces ensemencées ont diminué. La moitié des neuf millions d’acres de blé du Kansas ne sont pas cultivés. Les plus grands États producteurs du Middle West sont dans le même cas. Le Sud a planté en coton d’énormes espaces autrefois livrés au maïs. Le cheptel a baissé de 40 pour 100 dans l’Illinois, de 30 pour 100 dans l’Iowa. L’avenir n’est pas moins .sombre dans d’autres États. Une crise terrible sévit au Texas. Or, le ravitaillement des Alliés exige l’envoi de 100 millions d’hectolitres de blé, et de formidables quantités d’autres matières alimentaires. La presse reconnaît l’extrême gravité de la situation. « La Démocratie défendue par l’épée sera sauvée par la charrue, » dit le Cleveland Pain Dealer du 12 avril ; et la Chicago Tribune : « Les Alliés ne vaincront pas, s’ils meurent de faim ! Nous devons les nourrir. C’est la question primordiale, celle de la défaite ou de la victoire, celle de la vie ou de la mort. » Le 15 avril, le Président lance une proclamation où il déclare que « le sort de la guerre et de la nation est entre les mains des fermiers. » La Chicago Tribune pose à chaque gouverneur d’État par télégramme l’impérieuse question : « Que fait votre État pour augmenter la production des céréales ? » et publie d’énormes manchettes : « Mangez moins et maigrissez ! » On dénonce tous ceux qui laissent leurs terres sans culture : le