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un seul calendrier même médiocre, que deux qui seraient bons et a fortiori que deux qui sont médiocres : c’est comme à la guerre où un chef unique vaudra toujours mieux que plusieurs, même excellents.

Et c’est pourquoi j’estime que le Congrès de la Paix doit, avant d’aller plus avant à cet égard, inscrire dans les conditions internationales qu’il prépare, l’unification des calendriers employés par toutes les nations, unification réalisée par l’adoption commune d’un des calendriers existants, ce qui se fera avec le minimum de trouble. Il est clair d’ailleurs que cette unification ne peut et ne doit se faire que par l’adoption du calendrier grégorien. Cela résulte d’un grand nombre de raisons, les unes théoriques, Iles autres pratiques, comme nous allons voir.

La question de l’unification des calendriers grégorien et julien a été traitée d’une façon très approfondie, notamment par le professeur Stanoïewitch, recteur de l’Université de Belgrade et directeur de l’Observatoire de cette ville. Dès 1892 ce savant a soulevé cette question en fournissant au métropolite de Belgrade des propositions fortement documentées qui furent transmises par lui au Saint-Synode grec à Constantinople et au Très-Saint Synode russe à Pétrograd, mais n’eurent malheureusement pas de suite.

M. Stanoïewitch a fait notamment une critique très fine du calendrier grégorien et a le premier attiré l’attention sur certaines imperfections de la réforme grégorienne. En voici une. La durée moyenne de l’année est de 11 minutes et 15 secondes plus courte que l’année julienne (365 jours et 6 heures). Cette différence de 11,25 minutes atteint la valeur d’un jour exactement en 128 ans, c’est-à-dire qu’on perd un jour dans le calendrier julien exactement au bout de 128 années révolues. Or, non seulement on obtient ainsi un nombre entier d’années pour la perle d’un jour, mais encore ce chiffre 128 et tous ses multiples sont divisibles par quatre et présentent par conséquent des années bissextiles. Il s’ensuit qu’en supprimant, comme le fait le calendrier grégorien, 3 jours en 400 ans, on supprime un jour tous les 133, 3 ans au lieu de tous les 128. Cette petite erreur grégorienne n’est pas très considérable puisqu’elle n’atteint que 3 heures tous les 4 siècles et par conséquent un jour au bout de 8 fois 400 ans.

Elle méritait pourtant d’être signalée, car il ne faut jamais marchander avec la rigueur scientifique. Pour rectifier cette petite erreur et éviter à ses effets de s’accumuler, M. Stanoïewitch a formulé la règle suivante qui compléterait et rectifierait heureusement le calendrier grégorien et pourrait être adoptée sans inconvénient par