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le Congrès de la Paix : les années divisibles par 4 seront bissextiles, sauf lorsqu’elles sont divisibles par 128. — Prenons, pour citer un exemple, l’année prochaine, l’année 1920 : cette année est divisible par 128 et donne le quotient 15. Cela veut dire que, depuis l’ère chrétienne, on a perdu, d’après le calendrier julien, 15 jours. — Or, la différence entre le calendrier grégorien et le julien n’est que de 13 jours, et ceci nous amène à une autre défectuosité de la réforme grégorienne que signale très justement M. Stanoïewitch : lorsque le Pape Grégoire XIII en 1582 a proclamé sa réforme, on ne l’a appliquée qu’à dater de l’époque du concile de Nicée (325), alors qu’il eût été logique de l’appliquer à dater de la première année de l’ère chrétienne. Or, l’erreur du calendrier julien, pendant ces 325 ans où elle subsiste aussi dans le grégorien, est précisément de 2 jours, et M. Stanoïewitch remarque justement qu’en toute logique, il faudrait faire là une petite rectification qui ramènerait l’équinoxe de printemps à la date où il était au début de l’ère chrétienne.

Tout cela est bel et bien, mais il résulte d’une conversation que j’ai eue tout récemment avec le savant astronome serbe qu’il ne considère pas ces détails, non négligeables en toute rigueur scientifique, comme devant constituer des pierres d’achoppement de l’unification des deux calendriers. Finalement, M. Stanoïewitch est tombé d’accord avec moi que, si on voulait aboutir, il convenait de laisser provisoirement ces raffinements scientifiques de côté, et je suis heureux de pouvoir dire qu’il s’est entièrement rallié à mon idée qu’il fallait d’abord demander l’unification des calendriers par l’adoption généralisée du calendrier grégorien, adoption que le Congrès de la Paix pourrait imposer.

Non seulement, et en dépit de ces petites défectuosités, le calendrier grégorien est scientifiquement très supérieur au julien qui n’est qu’une approximation beaucoup plus éloignée de la réalité, mais d’impérieuses raisons pratiques militent, — à côté de cette raison pure, — en faveur de l’adoption générale du premier.

C’est d’abord que le grégorien est actuellement employé par un beaucoup plus grand nombre d’hommes et de nations que le julien. C’est ensuite que le centre de gravité de la civilisation se trouve sans conteste aujourd’hui parmi les nations utilisant le calendrier grégorien. C’est enfin et surtout la marche même des événements qui entraine irrésistiblement, comme nous allons voir, les nations encore dissidentes vers l’adoption de ce calendrier, et de celui-là seulement.

Sans parler de la Chine et du Japon qui ont adopté officiellement