Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 49.djvu/942

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Nul doute que la Roumanie, si on l’y invite, ne fasse de même Le gouvernement roumain avait déjà présenté à son parlement un projet d’adoption du calendrier grégorien. Mais à ma connaissance, il n’est pas encore venu en discussion. Les descendants du sage Ulysse, sous la haute direction de M. Venizelos, ne manqueront pas non plus de se rendre avec empressement à l’invitation que les Alliés pourront leur faire à ce sujet.

La Bastille du Calendrier julien, son bastion le plus puissant est d’ailleurs entrée déjà dans cette voie. On nous dit, en effet, que depuis un an environ le gouvernement bolchevik a officiellement adopté le calendrier grégorien. Ce qui prouve que toute médaille a son avers.

Restent les Turcs : ils feront d’autant plus gentiment ce que le concert des nations imposera à ce sujet que la religion n’a décidément rien à voir dans toutes ces questions d’almanach, puisque la Chine et le Japon, qui ne sont nullement catholiques, ont adopté officiellement la chronologie grégorienne.

Les objections que certaines personnalités slaves avaient autrefois soulevées en pensant à des résistances, — je parle de résistances justifiées, — de la part du clergé orthodoxe, ne paraissent décidément pas fondées, comme il résulte ce qui précède.

D’ailleurs, — et ceci est un fait très peu connu chez nous, — chez les orthodoxes pratiquant la chronologie julienne, l’Église n’emploie nullement la même manière de me surer le temps que le calendrier julien qui est adopté officiellement par les gouvernements orthodoxes. L’année religieuse orthodoxe commence au mois de septembre, et non le 1er janvier, date officielle ; les années ne sont pas comptées depuis la naissance du Christ, de sorte que l’année 1919 est l’année 7427 de l’Église orthodoxe.

Même les chiffres dont se sert cette Église ne sont ni des chiffres arabes, ni des chiffres latins connus ; elle a ses propres chiffres tirés de l’alphabet vieux-slave. Et c’est ainsi que, quand les autorités publiques ont adopté le calendrier julien, l’Église est restée fidèle à ses règles chronologiques particulières.

Le calendrier et la religion peuvent donc bien être considérés, comme disent les mathématiciens, comme des variables indépendantes, et c’est pourquoi l’adoption officielle de la chronologie grégorienne par les Turcs et les orthodoxes ne peut avoir à cet égard aucun inconvénient.

En résumé, l’adoption générale du calendrier grégorien peut et