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doit être inscrite parmi les conditions imposées au monde par le Congrès de la Paix.

Subordonner cette mesure facile à la réforme intime de tout le mécanisme du calendrier, dont il me reste à parler maintenant, ce serait mettre la charrue avant les bœufs, et risquer de n’aboutir à rien : qui trop embrasse mal étreint.


Que si maintenant, après avoir réglé ce premier point d’une si grande importance pratique, il sied au Congrès de la Paix, lorsqu’il sera découragé dans ses tentatives si louables pour fonder un Éden terrestre, d’aborder plus profondément la réforme chronologique, il pourra alors encore faire œuvre utile, car, hélas ! bien des choses sont à améliorer dans le calendrier grégorien, qui, à ce point de la discussion, sera devenu l’unique calendrier des peuples civilisés.

Mais ici il y a un certain nombre de matières à dissidences, comme nous allons voir, et il faudrait que ces dissidences fussent conciliées d’abord par l’organisme compétent, — Académie des Sciences ou autre, — qui les examinera. Le plus sûr moyen d’obtenir un résultat du Congrès de la Paix est de lui présenter quelque chose qui soit techniquement au point.

Depuis la réforme grégorienne il n’y a eu dans le monde civilisé qu’un seul projet de calendrier réformé qui ait eu la sanction de la pratique, — sanction tout éphémère comme on sait : — ce fut le calendrier républicain.

Un coup d’œil rétrospectif sur ses qualités et surtout ses défauts nous permettra de juger plus sainement les écueils que doivent éviter pour aboutir les systèmes aujourd’hui en présence et qui vont être confrontés à la barre de l’Académie des Sciences.

Je crois, — sans vouloir médire de la Convention, — que si la numération grégorienne parut en 1793 bonne à mettre au panier, ce fut moins par désir d’un perfectionnement scientifique et pratique qu’à cause de la naïveté qui portait alors à supprimer pour le principe la plupart des vestiges du passé. Instauré par Jules César, mis au point par Grégoire XIII, le calendrier usuel avait l’irrémédiable tare d’être, pour le citoyen Homais, doublement romain. Le conventionnel Romme en fut le plus décidé détracteur. Il n’eut point de cesse qui ! ne l’eût, par ses discours et sa propagande enflammée, fait condamner à mort. Romme voulait briser ce que Rome avait fait.