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Ce qu’on mit à la place avait, quoi qu’on en ait dit, plus d’une qualité. Douze mois, tous de trente jours, avec, suivant les années et pour faire le compte, cinq ou six jours supplémentaires. Chaque mois divisé, à l’imitation des Romains, en trois décades, dont les noms des jours (primidi, duodi, etc.) avaient l’avantage de toujours correspondre aux mêmes quantièmes du mois, le début des saisons coïncidant avec celui des mois (puisque l’année commençait à l’équinoxe d’automne), tout cela faisait du calendrier de la Convention un des plus logiques et des moins... conventionnels qui aient été imaginés. Mais il avait des défauts très graves : d’abord d’avoir jeté par-dessus bord la semaine qui, dans le monde moderne, est une division du temps tellement incontestée que, pour de nombreuses raisons économiques et sociales, il paraît impossible d’y renoncer ; ensuite, de prétendre à la logique. C’est précisément les entorses qu’il donnait à la logique qui finalement le jetèrent bas. Les noms si pittoresques et si charmants donnés aux mois par Fabre d’Églantine ne pouvaient rien être que des contresens sous d’autres latitudes, et même parfois en France (que peut signifier vendémiaire, là où il n’y a point de vigne ?) Le remplacement des saints patronymiques par des noms empruntés à l’agriculture (au risque de rendre jaloux le commerce et l’industrie) avait le même défaut. Je ne parle que pour mémoire du nom grotesque de « sans-culottides » donné aux jours épagomènes. Le calendrier de la Convention périt par l’excès de sa qualité dominante, le pittoresque : ce qui est pittoresque et précis ne peut être que local, et ne devient pas facilement universel sous une planète où il y a aussi peu d’uniformité.

Il faut donc que les calendriers réformés qu’on nous propose prennent garde aux noms qu’ils proposent (ici le nom fait beaucoup à l’affaire), qu’ils conservent autant que possible ceux dont on a l’habitude, et qu’ils n’aient point trop de prétention à la parfaite logique.

Voyons maintenant les principaux systèmes aujourd’hui en présence. Je ne saurai les décrire tous, mais seulement les catégories où on peut les ranger. De plus, comme il n’entre pas dans mon rôle de rechercher et d’indiquer aujourd’hui les priorités des divers auteurs, je me bornerai à citer incidemment sans les classer, les noms de certains d’entre eux.

La plupart de ces systèmes ont été mis sur pied ou du moins précisés à la suite d’un ingénieux concours que fit en 1S87 la Société Astronomique de France et qui fut organisé par M. Flammarion et