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services. Enfin nos intérêts gagneraient à être représentés à Panama par un ministre plénipotentiaire, à Buenos-Ayres par un ambassadeur, tout en gardant les titulaires actuels. Je pourrais répéter des doléances analogues à propos des consulats. Partout la besogne matérielle de paperasserie absorbe un temps qui serait mieux employé dans une action réellement efficace, rassemblement de renseignements et démarches personnelles.


Je l’ai constaté journellement au cours de mon voyage, l’influence morale de la France est très efficacement secondée dans toute l’Amérique du Sud par les congrégations hospitalières et enseignantes. D’innombrables crèches, orphelinats, hôpitaux, cliniques, asiles pour les vieillards sont tenus par des religieuses françaises, qui prodiguent leur dévouement à toutes les classes de la société, mais surtout aux plus humbles, et à tous les âges de la vie. Dans des collèges et des couvents, l’instruction secondaire est donnée à un grand nombre de jeunes gens et de jeunes filles par des religieux et des religieuses de notre nation ; je le répète une fois de plus, ils forment de bons patriotes et ils font aimer la France. Ils enseignent notre langue et créent ainsi, entre les Latins d’Amérique et nous, des liens qu’aucune action gouvernementale ne pourrait remplacer, à quelque prix que ce fût. Mais leur nombre devient insuffisant devant les tâches qui réclament leur zèle. Partout les Gouvernements et les évêques demandent des religieux français et des religieuses françaises, et leur nombre diminue parce que le recrutement est gêné, pour ne pas dire empêché, par l’application actuelle de la loi de 1901. Des mesures deviennent urgentes, et ce serait un crime de laisser péricliter de telles œuvres dont toute l’Amérique latine réclame au contraire le développement.

Les lycées français de Montevideo et de Buenos-Ayres sont d’excellents établissements à tous égards, mais les nécessités de l’existence rendent bien difficile l’équilibre de leur budget, que seule assure la générosité de quelques mécènes : l’entretien de professeurs chargés de famille est très coûteux dans les lointaines capitales, et ne peut se comparer à celui d’un corps enseignant auquel il suffit d’assurer un logement sommaire