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REVUE PÉDAGOGIQUE

Un peu plus tard, Henri Vast publiait, non plus cette fois pour les écoliers, mais pour le grand public, un livre magistral sur L’Algérie et les Colonies. C’est là que se trouve réfuté, l’histoire en main, ce préjugé trop répandu que le Français n’a pas l’esprit colonial. En étudiant l’œuvre des grands administrateurs — militaires et civils — de notre « plus grande France », il signalait d’avance les services que nous en pourrions attendre en temps de guerre et quelles compensations apporterait à la faiblesse de notre natalité un empire de plus de 40 millions d’habitants.

En 1890, Vast est nommé examinateur d’admission à l’École de Saint-Cyr. Dans ces concours, dont les épreuves sont assez longues et assez variées pour juger « les têtes bien faites plutôt que les têtes bien pleines », il s’attachait avec ses collègues à éliminer, dans l’humaine mesure, le hasard et le psittacisme. Jamais il n’était plus satisfait que quand le succès venait sanctionner et récompenser le travail intelligent et les fortes études. Bien souvent, au cours de la guerre, il lui arrivait de faire un douloureux retour sur ces milliers d’officiers moissonnés en pleine jeunesse et il ne pouvait se défendre d’une légitime fierté en songeant à quel point, par leurs qualités intellectuelles et morales, ils avaient justifié les choix que nous en avions faits.

Au cours de ses travaux, Henri Vast avait été cruellement atteint par la perte d’un fils qui donnait déjà mieux que des promesses. Il cherchait alors dans l’étude, non la consolation de l’irréparable, mais avec l’apaisement, l’énergie nécessaire pour faire encore œuvre utile. Le caractère était chez lui au niveau du talent. J’en appelle à ceux qui ont éprouvé sa droiture, la sûreté, de son commerce et goûté la douceur de son amitié.

Quand une brusque attaque le retrancha, bien avant sa fin, du monde des vivants, il venait d’achever son dernier livre, cette Petite histoire de la grande guerre, dédiée « à nos morts glorieux, à nos combattants sublimes, à nos fidèles alliés ». Avec ces qualités de méthode et de précision qui recommandent tous ses livres, il y traçait un tableau d’ensemble des grands événenements politiques et militaires dont l’Europe avait été le théâtre. Et le livre se fermait sur ce souhait qui résume toutes les aspirations de son cœur : c’est que la France victorieuse réussisse