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REVUE PÉDAGOGIQUE.

parlons de Pauline : l’aimable, la jolie petite créature ! Je suis ravie qu’elle vous fasse souvenir de moi : je sais bien qu’il n’est pas besoin de cela, mais enfin j’en ai une joie sensible. Vous me la dépeignez charmante, et je crois tout ce que vous m’en dites. Je vous conseille de ne vous point défendre de la tendresse qu’elle vous inspire ; ne vous ôtez point ce joli amusement : hélas ! on n’a pas des plaisirs à choisir. Quand il s’en trouve quelqu’un d’innocent et de naturel sous notre main, il me semble qu’il ne faut point se faire la cruauté de s’en priver. » (6 octobre 1679.)

Ce sentiment d’affection entre la mère et l’enfant est, à vrai dire, le premier et principal fondement de l’éducation ; car sans cela point d’ouverture de cœur de part ni d’autre, point de confiance, point d’épanchements ; l’enfant s’emprisonne dans sa timidité, et sous cet abri ses penchants croissent en silence, à l’insu de la mère, qui n’a rien fait pour les connaître et les diriger. Mme de Sévigné avait d’abord été tentée de s’emparer de Pauline : « Le bon abbé (de Coulanges) me disait tantôt que je devrais vous demander Pauline, qu’elle me donnerait de la joie et que j’étais plus capable que je n’ai jamais été de la bien élever : j’ai été ravie de ce discours, mettons-le cuire, nous y penserons quelque jour » (Id.). Elle ne donna pas suite à ce projet de demande : elle sentait trop bien que la plus légitime institutrice de la fille, c’est sa propre mère et qu’il ne faut point rompre, ni même interrompre longtemps ces rapports naturels. Maïs elle ne la perd pas de vue, et son cœur, sans cesse en route de Paris à Aix, l’environne de ses tendres sollicitudes. Pauline, mise en dépôt quelque temps au pensionnat d’Aubenas, en avait rapporté, paraît-il, ces airs confits en modestie que les petites empruntent volontiers aux grandes : « Vous avez raison. » écrit-elle à Mme de Grignan, de supprimer la modestie