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REVUE PÉDAGOGIQUE.

Tout cela s’arrange assez facilement sur le papier ; mais il en sera autrement dans la réalité. Les colléges voudront-ils opérer une réforme sur eux-mêmes au prix.de durs sacrifices ? Ceux qui ne sont pas de plein exercice, et qui, au lieu de se transformer résolument en colléges spéciaux, ont associé de médiocres études latines à de médiocres études spéciales, pourront-ils se modifier maintenant au risque d’un suicide ? Il faut donc s’attendre à ce que, sur beaucoup de points, les colléges mi-partie latins et spéciaux d’une part, les écoles supérieures de l’autre, les unes aspirant, les autres s’obstinant à vivre, ce qui est naturel, entrent en concurrence et se disputent l’élément mixte et flottant qu’il y a dans toute clientèle. C’est toujours ainsi, dès qu’il s’agit de réformes, que les intérêts posent des problèmes pénibles à résoudre. Il serait prématuré de s’engager dans ces questions, puisque le projet d’organisation de l’enseignement primaire supérieur n’est pas encore connu. Si la loi nouvelle réalise ce qu’on peut en espérer, si des préventions et des vues étroites, comme il est arrivé jusqu’ici, n’en gênent pas l’application, on doit bien prévoir que le développement des écoles supérieures déterminera une évolution de tout notre système d’enseignement secondaire. Un certain nombre de petits colléges se placeront de fait au degré des écoles supérieures ; d’autres devront renoncer aux études latines et se vouer à l’enseignement spécial. Le divorce sera inévitable dans les grands colléges et les lycées entré l’enseignement classique et l’enseignement spécial ; celui-ci trouvera dans l’autonomie les conditions de progrès qui lui manquent, celui-là se fortifiera en se concentrant : c’est le ferme espoir de ceux qui estiment que, sans les nobles études classiques, il ne se formerait plus d’élite apte à la haute et délicate