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REVUE PÉDAGOGIQUE

d’envie de vous plaire, et vous ferez une merveille de cette petite cire molle que vous tournerez comme vous voudrez. Parlez-lui de ce qui lui convient, comme je vous ai ouïe souvent parler à votre fils ; de la manière dont vous me la représentez, elle en profitera à vue d’œil, et cela vous fera un grand amusement et une occupation digne de vous, et selon Dieu et selon le monde. » (29 octobre 1688).

Les Essais de morale de Nicole, livre si savant dans la connaissance du cœur humain, sont la lecture qu’elle conseille le plus souvent ; elle y joint l’Abbadie, théologien et moraliste protestant, encore bien moins lu aujourd’hui que Nicole. À côté de l’Abbadie elle place l’Histoire de l’Église du P. Maimbourg, « afin, dit-elle, de marier le luth à la voix » (21 décembre 1689). L’histoire aussi lui paraît une grande ressource d’éducation : « on est si aise de se transporter un peu en d’autres siècles ! cette diversité donne des connaissances et des lumières, et c’est un grand asile contre l’ennui. » Elle recommande la Vie de Théodose (par Fléchier), « dont le beau style console de tous les maux » ; la Vie de Sixte-Quint, en italien ; Davila, histoire des guerres civiles de France, encore en italien : « Je voudrais qu’elle eût quelque ordre dans le choix des histoires, qu’elle commençât par un bout et finit par l’autre, pour lui donner une teinture légère, mais générale, de toutes choses. Davila est admirable ; mais on l’aime mieux quand on connaît un peu ce qui conduit à ce temps-là, comme François Ier, Louis XII et d’autres, » (14 décembre 1689.)

Ces indications montrent combien notre littérature alors était pauvre dans le genre historique. Pour l’histoire de France, on n’avait que Mézeray ; pour l’histoire