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REVUE PÉDAGOGIQUE.

d’hésitation, que la vie religieuse, avec ses austères quiétudes, se présente à l’âme comme un refuge désirable. Et la chose était bien plus fréquente, et en quelque sorte naturelle, à une époque où la constitution des familles, l’éducation, les exemples nombreux de ces sortes de résolutions, semblaient conseiller cette voie aux jeunes filles.

Pauline traversa cette phase critique ; elle alla s’enfermer au couvent d’Aubenas, elle écrivit à Mme d’Épernon pour savoir de cette sainte femme si Dieu voulait qu’elle fût carmélite. Sa mère n’osait trop l’en détourner ; mais la sage tendresse de sa grand’mère fit appel aux lumières du coadjuteur (depuis archevêque) d’Arles, frère de M. de Grignan, et sut l’arrêter sur cette pente où l’entraînait son imagination plutôt qu’une vocation sérieuse. (9 mars et 13 avril 1689, 23 avril et 12 mai 1690.)

Ce fut là comme le couronnement de l’éducation forte et sensée que reçut Pauline. Dès lors son temps de chrysalide est fini, elle devient Mademoiselle de Grignan, et bientôt (29 novembre 1694), ce sera la marquise de Simiane. Disons en terminant, et pour faire honneur à son éducation, qu’aucune dame de France ne la surpassa en vertus et en qualités aimables. C’est à sa reconnaissance que nous devons le recueil des Lettres de Mme de Sévigné, trésor inestimable, dont elle dit avec raison : « Ces lettres sont remplies de préceptes et de raisonnements si justes et si sensés, avec tant d’art et d’agrément, que leur lecture ne peut être que très-utile aux jeunes personnes et à tout le monde. »