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REVUE PÉDAGOGIQUE.

Nous ne parlerons pas des sens de l’odorat et du goût, essentiellement voués aux instincts d’alimentation et de conservation. Ces sens, bien que dignes d’attention et de culture si l’on considère l’intégralité des fonctions humaines, n’ont que peu de part à l’exercice des professions.

Nous le répétons, c’est dans le bas âge qu’il faut cultiver les sens du futur travailleur. À cette époque de la vie, l’enfant vit tout en dehors, et ses sens ont une prépondérance considérable dans son déploiement d’activité. « Les enfants sont curieux, ils touchent à tout », cela veut dire qu’ils regardent, écoutent, manipulent avec ardeur, avec passion. La nature les y pousse, et la nature sait ce qu’elle veut. Elle veut se faire des outils capables, affinés, en état de servir à la pensée quand l’âge de la pensée sera venu.

Car ce n’est pas uniquement de leur propre fonds que les enfants tirent, à mesure qu’ils grandissent, l’ensemble de leurs opinions, de leurs habitudes, les mobiles de leurs volontés. À ce qu’ils ont d’inspiration personnelle vient s’ajouter tout ce qui leur est donné par l’éducation de chaque jour : l’école, le commerce de leurs semblables, le milieu où ils se trouvent, les circonstances générales ou accidentelles qui les frappent, c’est-à-dire tout ce qu’ils apprennent, voient, entendent, pratiquent, en un mot tout ce qui leur vient par les sens.

Presque toujours une idée fausse, un préjugé déplorable, semblent justes à la personne qui les professe et les défend. On est porté au bien, au vrai, mais on voit faux, parce que dans son enfance on a vu et entendu faux. Il en est de même en ce qui concerne l’exercice de nos sens. C’est pourquoi il faut habituer les enfants à bien voir et bien entendre.

L’éducation des sens, comme toute œuvre nouvelle