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LE BRETON À L’ÉCOLE.

On a souvent dit que les populations bretonnes abandonnent très-difficilement leurs usages et se laissent lentement entraîner dans la voie du progrès. Cela est un peu vrai et l’on ne saurait toujours les blâmer de cette prudence ; mais je crois que ce serait se montrer trop sévères envers elles que de les rendre entièrement responsables de l’ignorance où elles sont encore du français. Quoi qu’il en soit, les paysans montrent généralement aujourd’hui un assez vif désir de connaître cette langue. Ils en comprennent enfin l’utilité, grâce surtout à la nouvelle loi militaire qui appelle tous les jeunes gens sous les drapeaux.

Ne serait-ce pas, pour l’administration supérieure, le moment d’exiger que la loi soit observée et que le français soit désormais la seule langue de l’école ? Je sais bien que l’on rencontrera d’abord quelques difficultés ; mais j’ai la ferme conviction que, en présence d’une résolution bien arrêtée et nettement affirmée, la résistance ne tardera pas à s’évanouir. Ceux qui se montrent aujourd’hui les plus rebelles à cette substitution en reconnaîtraient bientôt les immenses avantages. D’ailleurs, en supposant même de leur part une hostilité personnelle persistante, ils seraient certainement entraînés par les intérêts de toutes sortes et le patriotisme de la population.

A. Richard,
Inspecteur primaire à Pontivy.