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REVUE PÉDAGOGIQUE

Sud, mais avec le titre de directeur de l’école principale et les avantages qui y sont attachés : traitement de 3,000 fr. avec une augmentation annuelle de 100 fr. pendant cinq ans, prestations en nature, maison convenablement construite, transport gratuit tous les deux ans pour l’instituteur et sa famille et sa famille jusqu’à un point quelconque de l’Algérie ou jusqu’à Marseille, enfin possibilité d’obtenir, au bout de huit ans, une promotion à la première classe, s’il veut alors rentrer dans les écoles ordinaires. Les trois écoles principales de Tuggurth, El-Oued, Ghardaïa, sont actuellement les seules qui fonctionnent dans ces conditions.

Mais il restera toujours, au milieu des tribus, loin des centres européens, loin des fermes, loin des postes français, dans des endroits dénués des ressources les plus indispensables à la vie de chaque jour pour une famille ayant les habitudes et les besoins des peuples civilisés, un grand nombre de résidences ingrates, où jamais un instituteur français ne se résoudra à vivre avec sa femme et ses enfants, même au prix d’avantages exceptionnels.

D’ailleurs nous ne pouvons pas multiplier les écoles qui donnent lieu à de pareilles dépenses.

Un maître indigène, au contraire, ira où l’on voudra avec un traitement moyen de 1,000 fr. sans indemnités ni prestations supplémentaires. Il y aura peu de frais à faire pour son logement, encore moins pour son mobilier. Une maison d’école construite pour lui, au lieu de coûter 30, 40 et jusqu’à 50,000 fr., comme celles destinées à des instituteurs français, ne dépassera pas 8,000 fr. ; elle ne devra même pas coûter plus de 4 à 5,000 fr. si la construction se fait dans les conditions que j’ai indiquées plus haut.

Mais surtout n’est-ce pas un moyen de faire accepter plus volontiers, par les populations indigènes, notre enseignement et le commencement de civilisation qu’il apporte avec lui, que de nous servir de maîtres musulmans pour le répandre ? Ce sont pour nous des auxiliaires précieux : ils ne provoquent pas les mêmes craintes, les mêmes préventions religieuses que nos maîtres français ; ils ont intérêt à faire bien accueillir l’instruction française qu’ils sont chargés de transmettre ; enfin, ils montrent, par leur exemple, que les écoles ouvertes en pays arabe ou kabyle, grâce aux sacrifices de la France, peuvent conduire à des situations enviables ceux d’entre les jeunes musulmans qui se sont distingués par leur intelligence et leur travail. Depuis que les écoles de Kabylie ont fourni un certain nombre de moniteurs indigènes, elles sont beaucoup mieux vues des familles musulmanes.

Pour toutes ces raisons, je persiste à penser que les maîtres indigènes doivent être utilisés. Mais il faut les choisir et les dresser.

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J’ai dit plus haut que pour organiser l’enseignement des indigènes dans les villes, ainsi que dans la Kabylie du département d’Alger et