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LE SOMMEIL ET LES RÊVES


deuxième partie[1]

LEURS RAPPORTS AVEC LA THEORIE DE LA CERTITUDE


I


Sur quel fondement repose la croyance en général, et spécialement
la croyance en une réalité extérieure ?

Toute croyance est le résultat d’une habitude. C’est en vertu d’une habitude que nous attribuons une existence corporelle à l’image reflétée par le miroir ; c’est en vertu d’une habitude que l’halluciné croit à la réalité de ses visions.

Il y a quelque chose en dehors de moi, il y a quelque chose qui n’est pas moi — voilà le premier jugement conscient porté par l’être sensible. Et du jour où il a formé ce jugement date sa première perception : il se distingue des choses qui l’entourent et apprend à les connaître.

Par une expérience ultérieure, il constate que le moi qui sent, le moi interne est uni à une enveloppe externe qu’il perçoit à la façon de quelque chose d’étranger et d’indépendant : telle est l’origine de l’opposition que la conscience établit entre l’âme et le corps. Pour tout sujet sensible, son propre corps est un objet de perception.

Je n’ai pas besoin pour le moment de m’appesantir davantage sur ces notions préliminaires, l’ayant fait avec des développements assez étendus dans un autre traité[2], et devant y revenir plus tard. Toute perception est susceptible de passer en tout ou en partie à l’état de conception. Il y a longtemps que les psychologistes ont différencié la perception et la conception. Cependant on peut, même aujourd’hui, en marquer mieux encore les traits différentiels.

  1. Voir le numéro précédent de la Revue.
  2. La psychologie comme science naturelle, Paris et Bruxelles.