Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, X.djvu/451

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
441
analyses. — ln. grote. Psychologiia tchouvstvovaniy.

de l’évolutionnisme selon Spencer. Accordez-nous, dit M. Ferri, que la substance de l’esprit existe, mais réside dans l’inconnaissable ; Kant et Spencer ne pourraient-ils pas s’entendre dans la région des noumènes ? Nous, nous accorderons de notre côté que, dans sa région phénoménale, l’esprit est soumis à l’évolution à peu près comme vous l’entendez. — Reste à savoir si, départ et d’autre, spiritualistes et évolutionnistes sont disposés à se rapprocher : il semble plutôt que les positivistes soient en train de boucher le trou de l’inconnaissable, ce qui fermerait tout passage au surnaturel, tandis queues spiritualistes voient des choses de plus en plus extraordinaires dans la moindre des opérations de l’entendement. Au fond, et c’est ce que nous n’avons pas le loisir de montrer, mais ce que la lecture de ce mémoire si savant et si distingué montre abondamment, on ne s’entend pas. De part et d’autre, on parle un langage différent, où les mots n’ont pas du tout la même signification. Deux grands courants emportent les esprits vers des directions opposées : faut-il le regretter et le progrès des idées comme celui des espèces se fait-il plutôt par fusion que par remplacement ? Cela est douteux. Mais ces courants divergent, cela est certain, et ils divergeront de plus en plus. On ne fera pas à l’évolutionnisme sa part, on ne la fera pas non plus au supra-naturalisme.

A. Espinas.

Nicolas Grote. — Psychologiia tchouvstvovaniy v yeia itorii i glavnyh osnovah (Psychologie de la sensibilité dans son histoire et ses fondements). Saint-Pétersbourg, 1880, xiv et 569 p. in-8o.

Cet ouvrage présente sous un nouvel aspect le développement de la théorie de la sensibilité exposée il y a deux ans dans un article de la Revue philosophique (septembre 1878). L’auteur se propose de démontrer que sa propre théorie ne doit être considérée que comme le résultat nécessaire des nouvelles recherches psycho-physiologiques et d’une certaine réforme faite dans les théories de ses devanciers, MM. Bain, Spencer, Dumont, Bouillier, Horwicz, Wundt, etc. Cette réforme a été rendue nécessaire par les critiques dirigées contre ces théories par d’autres psychologues contemporains en France et à l’étranger[1], et par les nouveaux travaux sur la physiologie de la sensibilité, ceux de M. Ch. Richet, en particulier.

C’est donc une nouvelle critique de toutes les opinions, exposées sur la nature de la sensibilité depuis les travaux de Hamilton et de J. Stuart Mill, qui sert de base principale à la théorie de l’auteur. D’abord il s’applique à rechercher tous les points de vue possibles qui peuvent dominer les différentes théories de la sensibilité, et c’est là le problème que l’auteur tâche de résoudre dans la première et la plus grande section historique de son livre. Pour cela, il commence par analyser, dans les quatre premiers chapitres, les différentes théories concernant

  1. Voy. les critiques des théories de Dumont, Bouillier et Horwicz, dans la Revue philosophique et la Revue scientifique, etc.