siognomique de Lavater ou la phrénologie de Gall. Elle diffère aussi du mysticisme en ce qu’elle poursuit des buts égoïstes ou humains : la divination de l’avenir, la guérison des maladies, la production de prodiges.
Il y a deux sortes de superstitions scientifiques. L’une prend sa source dans les superstitions populaires, qu’elle transforme en systèmes ou en données scientifiques. C’est ainsi que Paracelse allait chercher des secrets merveilleux et des remèdes étonnants auprès des bergers et des vieilles femmes. L’autre, qui nous intéresse particulièrement, et à laquelle se rattachent le mesmérisme et le spiritisme, s’est développée dans les derniers temps ; elle part de notions soi-disant scientifiques, se fonde sur des hypothèses mystiques, et finalement réagit sur les superstitions du peuple.
Il y entre des éléments de diverses provenances. La philosophie n’y est pas étrangère, elle qui, depuis Pythagore jusqu’à Schelling, en passant par le néoplatonisme, s’est maintes fois égarée dans le mysticisme. Les mathématiques aussi lui fournissent des points d’appui. Déjà dans l’antiquité il y avait la mystique des nombres ; plus tard apparut celle de l’infini ; dans les tout derniers temps, celle des dimensions imaginaires de l’espace. On se rappelle que, d’après ZÔllner, les esprits habitent la quatrième dimension. Enfin, l’astronomie et la médecine en entretiennent la vitalité, la première comme astrologie, la seconde en sa qualité de science empirique ayant pour but le principe de l’individu.
Cette espèce de mysticisme s’est montrée sous deux formes principales, le magnétisme et le spiritisme. Le magnétisme est démodé. Aujourd’hui, le spiritisme est en honneur. Il a fait son apparition, il y a trente ans, avec les tables tournantes ; puis sont venus les esprits frappeurs ; présentement c’est le règne des médiums. Le spiritisme ne néglige pas non plus les buts égoïstes ; par son moyen, on traite, on guérit les maladies et les fractures ; des docteurs même vont jusqu’à les guérir à distance par l’envoi soit d’une simple lettre (il y en a de différents prix), soit d’une poudre, positive ou négative suivant les cas. Il a ses journaux, ses lecteurs, ses annonces.
Quant aux causes des succès du spiritisme, on peut les trouver dans l’ardeur des luttes religieuses, dans le schopenhauerianisme, qui est assez en faveur auprès de beaucoup de savants, dans le scepticisme, qui caractérise notre époque, et puis, il faut le reconnaître, dans certains faits indéniables, mais qui prouvent seulement l’influence de l’imagination sur les états corporels. C’est ce que déjà avait fait ressortir, il y a près de cent ans, la commission française chargée d’examiner quelle valeur il fallait accorder aux miracles du magnétisme animal. Les phénomènes provoqués par l’hypnotisme méritent certes hautement l’attention ; mais ils n’ont aucun caractère surnaturel, et c’est ainsi qu’ils relèvent de la science et non de la superstition.
