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DAURIAC.la doctrine biologique de m. delbœuf

pas grand, mais il en a plusieurs, et s’ils ont le défaut d’être un peu dépareillés, ils ont du moins cette qualité qu’avant lui ils n’ont appartenu à personne.

Notre dessein n’est pas de reprendre l’une après l’autre chacune de ces doctrines dont la hardiesse a dû maintes fois décourager la critique. M. Delbœuf n’en est pas à son dernier livre ; il lui reste encore — qui n’en ferait volontiers le pari ? — l’imagination pleine d’aperçus scientifiques ou métaphysiques dont il n’a encore rien dit qu’à ses élèves. À la façon dont il escalade les hauteurs escarpées de la philosophie première, on sent très bien que le goût des excursions périlleuses ne l’a pas abandonné. Sachons donc attendre pour essayer un résumé général, que d’autres, d’ailleurs, essayeront vraisemblablement mieux que nous. Pour le moment, il y a tout autre chose à faire. Il y a sa philosophie biologique dont l’exposé a paru pour la première fois ici même en 1884, et pour la seconde fois en 1887, dans un volume de la Bibliothèque de Philosophie contemporaine et dont il nous paraît opportun de dégager, si possible, les idées maîtresses. Parmi ces idées maîtresses, peut-être n’en est-il pas une seule qu’on puisse accepter : qu’importe ? La difficulté qui nous empêche d’être convaincu tient peut-être moins à la nature des opinions, qu’à un défaut d’éclaircissement ou de commentaires. S’il nous arrivait de commettre sur la doctrine de M. Delbœuf quelque lourde méprise, nous serions des derniers à en être surpris : Car, pour y comprendre de façon à se comprendre en même temps soi-même, deviner est indispensable, et il se peut faire que nous ayons trop souvent mal deviné. Mais encore une fois, qu’importe ? Le pis qui pourrait arriver serait que M. Delbœuf, désireux de corriger nos contresens, écrivit une seconde rédaction de son livre, et cette fois, au lieu d’un projet de philosophie biologique, nous en donnât comme un traité complet. Nous ne sommes pas certain que tout se tienne dans cette étude très curieuse et par endroits éblouissante, nous sommes sûr que tout ce qui s’y trouve est assez important et assez neuf pour forcer l’attention du public. Or, des esprits les plus curieux parmi ceux que ces problèmes intéressent, combien se sont aperçus qu’à côté de la biologie traditionnelle une autre biologie tentait la fortune et résolvait à sa manière les difficultés que les plus hardis parmi les représentants de la tradition ont vainement essayé de résoudre ?

Le récent ouvrage de M. Delbœuf est né, comme tous les autres, d’une occasion, d’une curiosité particulière qui, gagnant de proche en proche, s’est étendue d’un problème sur tous les autres. Pourquoi mourons-nous ? S’il est vrai que la question, loin d’être naïve comme elle en fait l’effet tout d’abord, est au contraire loin d’être résolue,