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analyses. — h. vaihinger. Naturforschung und Schule, etc.

corps et les sensations organiques, ou plutôt générales. On n’a plus affaire ici à des régions nerveuses déterminées, mais à des groupes de sensations recueillies un peu partout. Le sens du corps comprendrait ces états parfaitement définis, la douleur physique, la faim, la soif, et d’autres états plus vagues, ceux qui dépendent des mouvements respiratoires par exemple. Les sensations générales (le Gemeingefühl de Herbart) seraient la somme des sensations qui ne peuvent être ni localisées ni définies. C’est une suite, nous dit Mlle Rubinstein, de tous les actes vitaux : une partie importante en est figurée par le travail d’échange lié aux fonctions digestives et respiratoires. Ce « sens général » se renouvelle sans cesse avec la vie elle-même, et il subit aussi des variations. Certaines influences extérieures, comme le contact des vêtements, peuvent encore le modifier, et c’est cette variabilité qui justifie l’emploi du mot sentiment pour désigner ce qui est un sens. Il nous fait une personnalité, et il nous isole dans notre personnalité. Ce qu’il y a de constant dans les éléments de notre corps compose notre tempérament, ou sanguin, ou lymphatique ; ce qu’il y a de changeant dans leurs relations détermine nos appétits, nos tendances.

De l’état passager de notre sentiment vital résulte enfin cette disposition bonne ou mauvaise dont Gœthe s’informait toujours avant de commencer un travail. « Je verrai, écrivait-il à Schiller, comment les esprits me traitent aujourd’hui. »

La dernière étude, concernant l’éveil des sensations de couleur par les sens voisins, c’est-à-dire le phénomène de la double sensation, n’est pas moins agréable à lire que les précédentes. On ne reprochera point à Mlle Rubinstein le défaut de clarté ou le manque d’informations. Mais elle traite un peu sommairement, à mon avis, des questions qui exigeraient une critique beaucoup plus serrée. Douée comme elle est du sens psychologique, et munie d’une science solide, elle pourrait rendre un véritable service en portant son enquête sur des faits spéciaux, en nous donnant les monographies de quelques événements de ce « monde intérieur », où elle se promène avec aisance plutôt qu’elle n’y jette la sonde.

Lucien Arréat.

Dr H. Vaihinger. — Naturforschung und Schule, etc. (Ein Vortrag, etc. La science naturelle et l’école. Discours.) Köln, Leipzig, 1889, xii-54 p. in-8o.

L’enseignement des gymnases a été souvent attaqué en Allemagne, comme celui des lycées l’a été en France. W. Preyer, entre autres, a dirigé contre lui une attaque des plus vives, en un discours prononcé à Wiesbaden, en 1887, à l’assemblée annuelle des naturalistes et professeurs allemands. L’éminent physiologiste, d’ailleurs, prête son concours à une grande entreprise due à l’initiative de M. Hugo Göring, dont l’objet est de créer ce que M. Göring appelait d’abord l’école de la