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analyses. — guéroult. Le centenaire de 1789.

gènes à nous, minimum que notre expérience nous montre, dans tous les ordres, comme une limite au-dessous de laquelle la réaction de notre organisme aux excitations extérieures ne se produit plus.

Je relève, en passant, la confiance gardée par l’auteur à la théorie longtemps régnante de l’énergie spécifique des nerfs, émise par Müller pour soutenir les formes à priori de Kant, mais que la critique de Lewes et de Wundt semble avoir ruinée, et, pour finir, je transcris en entier la note suivante, p. 293. « C’est peut-être ici le moment de risquer une nouvelle hypothèse. Dans tous les phénomènes de la mécanique, de la physique et de la chimie, on suppose l’existence de points matériels, groupés pour former des molécules, lesquelles suivant l’orientation et le rythme de leurs mouvements donnent lieu aux diverses apparences que nous pouvons constater. Serait-il trop téméraire de faire un pas de plus et d’admettre qu’indépendamment de la masse qui nous donne la sensation de la résistance, chaque particule ultime de l’éther[1] renfermerait en elle, à un degré infiniment petit, les qualités spéciales qui, groupées en nombres considérables, orientées, rythmées d’une façon particulière, nous donneraient la sensation ou mieux la perception de la vie, de l’évolution, de la volonté ? La cellule, le globule serait le minimum constituant l’atome vivant. »

Je ne dirai rien du chapitre Art et littérature fondé sur un travail publié dans cette Revue en juin et juillet 1881, et je renvoie le lecteur à l’ouvrage même pour y lire le dernier, Sciences sociales. Le livre de M. Guéroult est très rempli, souvent curieux, très incomplet cependant. Il faut le lire, et y mettre soi-même ce qui manque.

Lucien Arréat.

  1. M. Guéroull se rangerait volontiers à l’hypothèse émise par sir W. Thomson, suivant laquelle les corps matériels, ou plutôt les molécules matérielles qui les composent, sont de simples tourbillons d’éther, ne différant des parties voisines que par la nature du mouvement dont ils sont animés. Je regrette qu’il n’ait pu mentionner l’hypothèse de Mme Clémence Royer, dans laquelle le monde est expliqué par un jeu de la matière pondérante, ou éther, et de la matière pondérée.