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que nous venons de nommer, et qui avait été fondée par Antisthène et Diogène. Crantor, le dernier philosophe de cette école, fut le maître de Zénon, et nous marque le passage du cynisme au stoïcisme.

Les deux autres grands stoïciens, Cléanthe, né en Asie Mineure, Chrysippe, né en Cilicie, également en Asie Mineure, vinrent l’un et l’autre séjourner à Athènes ; le premier, de 300 à 220 ; le second, de 280 à 208. L’un et l’autre prirent la succession de Zénon et défendirent ses doctrines contre les académiciens et les épicuriens.

Ainsi jusqu’au iie siècle avant l’ère chrétienne, tout le travail philosophique fut concentré à Athènes. Mais bientôt ce mouvement allait se disperser et se généraliser ; sans jamais complètement abandonner Athènes qui resta un centre d’études très recherché, la philosophie rayonna en sens divers, pour aller bientôt se fixer dans un autre centre.

Deux événements historiques importants ont amené cette révolution : d’une part les conquêtes d’Alexandre, de l’autre la conquête romaine. Par le premier, la Grèce ne fut plus seulement en Grèce, mais en Orient ; par le second, elle entra en communication avec Rome.

Considérons d’abord le rayonnement des diverses écoles grecques déjà signalées. Dans le Ier siècle avant l’ère chrétienne, nous voyons la philosophie stoïcienne et académique se répandre hors de la Grèce continentale, et retourner dans les îles de la mer Égée. Rhodes principalement devint le siège d’une école célèbre. Panétius, le maître de Cicéron, était de Rhodes ; Posidonius, l’un des derniers stoïciens, avait fondé à Rhodes, une école célèbre, où il avait eu pour auditeurs Pompée et Cicéron. Antiochus eut aussi dans la même île une école mi-stoïcienne, mi-académique. Rhodes peut donc être considérée comme le lieu de passage qui a conduit la philosophie d’Athènes à Rome.

L’événement le plus intéressant de cette époque pour l’histoire générale de l’esprit humain, ce fut l’arrivée de la philosophie à Rome, devenue alors la capitale du monde, mais qui en philosophie ne fut que la vassale de la Grèce. Ce n’en est pas moins un fait très important que la traduction de la philosophie du grec en latin. Beaucoup d’œuvres ou de doctrines philosophiques qui avaient été perdues nous ont été conservées par les écrits de Cicéron qui sont ou des traductions ou des commentaires de la philosophie grecque, et, en outre, ce n’a pas été un petit avantage pour la philosophie épicurienne d’avoir trouvé pour traducteur un grand poète et d’avoir associé ses doctrines à celle du génie poétique de Lucrèce.

Cependant quelque importante qu’ait été pour la conservation de