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janet. — la géographie de la philosophie

rence de Platon et d’Aristote, et un traité de Legibus (Περὶ νόμων) imité de la République de Platon. Son adversaire, Gennadius, patriarche d’Alexandrie, défendit Aristote contre lui et fit brûler son traité des Lois. Pléthon fut également attaqué par Théodore de Gaza, et surtout par George de Trébizonde, qui déploya dans cette querelle une virulence et une âpreté blâmées de tous. La querelle fut terminée par la haute impartialité du cardinal Bessarion, qui écrivit contre Georges de Trébizonde son traité In Calumniatorem Platonis, et qui défendit Platon sans attaquer Aristote.

Le séjour de Pléthon à Florence eut encore une conséquence intéressante pour la rénovation philosophique. Il convertit les Médicis à la philosophie platoniciene. Côme de Médicis devint un zélé platonicien, et il fit instruire par G. Pléthon dans cette même philosophie son fils Pierre et son neveu Laurent. Côme se sentit même tellement enflammé d’amour pour cette philosophie qu’il songea à rétablir l’Académie de Platon, c’est-à-dire une école destinée à conserver et à transmeltre le feu sacré du platonisme. Il destina à cette œuvre considérable un jeune homme de l’esprit le plus brillant, fils de son médecin, Marsile Ficin, qui fut plus tard le traducteur et l’interprète enthousiaste de Platon et de Plotin. L’académie platonicienne fut fondée. Laurent de Médicis, alors au pouvoir, s’y intéressa comme avait fait Côme. On reproduisit même le Banquet de Platon, où chacun des convives, prenant le rôle et le nom d’un des personnages de Platon, refit à son tour un discours sur l’Amour. Ficin fit plus que jouer au platonicien. Il traduisit Platon, et sa traduction, fidèle et intelligente, jouit encore aujourd’hui d’une grande autorité. C’est elle qui est jointe à la plupart des éditions de Platon. Marsile Ficin contribua en outre à renouer la tradition de la philosophie alexandrins.

À côté de la renaissance platonicienne, il faut placer également la renaissance péripatéticienne. Le moyen âge n’avait connu Aristote que par des traductions barbares et des commentaires plus ou moins infidèles, et, de plus, il avait été étudié avec les préoccupations de l’orthodoxie. L’introduction des œuvres grecques d’Aristote inspira une philosophie aristotélique indépendante, et même plus ou moins hétérodoxe. Telle fut l’œuvre de l’école de Padoue, illustrée par Pomponace, Cesalpini, Crémonini dans les xve et xvie siècles, et qui fait pendant à l’école platonicienne de Florence.

Entre ces deux écoles, l’une et l’autre italiennes, il faut nommer encore la philosophie cabalistique, renouvelée de l’ancienne Grèce, dont le principal promoteur est Pic de la Mirandole, mais dont le développement se fit surtout en Allemagne, où elle alla se joindre au mouvement mystique dont nous avons parlé.