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ch. henry. — le contraste, le rythme, la mesure

fin de son ouvrage, observe : « On ne peut se refuser d’admettre qu’il existe un contraste pour la grandeur comme il en existe un pour deux couleurs d’une même gamme prise à des tons différents. » Il ajoute : « En insistant sur les différences des sons et des couleurs, je crois être resté dans le vrai ; mais on se tromperait si l’on pensait que je crusse que des études ultérieures ajouteraient encore aux différences que j’ai signalées entre la vue d’une part et l’ouïe, l’odorat et le goût d’une autre part. En parlant de ces différences, mon intention a été de faire voir que, dans l’état actuel de nos connaissances, nous n’avons aucune preuve expérimentale qui établisse que l’ouïe, l’odorat et le goût sont soumis à des contrastes simultanés et successifs correspondant aux contrastes de différence et d’antagonisme qui existent dans les phénomènes de la vision des corps blancs, noirs et colorés, ce qui ne signifie pas que les recherches futures ne pourront démontrer l’existence de ces rapports. » Le célèbre observateur conclut par cette remarque dont la portée n’échappera à personne : « Je pense que, dans les jugements où il y a une exagération d’une différence, les organes qui concourent à ces actes de la pensée se trouvent dans un état physique correspondant à celui des organes qui sont affectés dans les phénomènes du contraste simultané de vision, de sorte qu’il est difficile, tant que cet état dure, de percevoir des idées différentes de celles auxquelles cet état se rapporte. »

Dans une lettre au comte Durutte datée du 3 janvier 1850, le mathématicien philosophe Hoëné Wronski indique une gamme dont les nombres sont rythmiques au sens qui sera défini plus loin. Ces nombres apparaissent dans le Résumé de la Technie harmonique de son disciple le comte Camille Durutte ; mais ni le maître ni le disciple n’ont exposé les raisons de leur choix qui semble avoir été une de ces intuitions comme l’histoire de la science en enregistre si souvent.

D’autre part, M. Charles Lévêque, dans une étude psychologique publiée le 20 septembre 1884, a distingué nettement les deux concepts du rythme et de la mesure. Il définit le rythme un groupe de mesures limité périodiquement par un arrêt ou un repos ; la mesure une répétition indéfinie de groupes d’intervalles identiques limités par un temps fort. Ce qui distingue donc essentiellement le rythme, c’est la périodicité. Par exemple, à l’état normal, les battements du pouls sont une série de mesures à deux temps ; dans la vieillesse ou dans l’état pathologique, il se produit souvent un repos après un groupe de trois pulsations, dont une grande et deux petites ; dans ces Cas, les battements du pouls sont des rythmes. En