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ch. henry. — le contraste, le rythme, la mesure

de quelques secondes. Vierordt a démontré que la sensibilité tactile augmente de l’origine du membre à son extrémité, qu’elle dépend de la grandeur des mouvements et qu’elle est, pour chaque segment d’un membre, proportionnelle à la distance des points de la peau à l’axe de rotation du membre ; par exemple, si on promène un compas avec le même écart de l’avant-bras à la pulpe du doigt ou de l’oreille aux lèvres, la sensation, d’abord simple, se dédouble et les deux pointes paraissent s’écarter de plus en plus. Il n’y a pas de sensation auditive sans variation de tension musculaire de la membrane tympanique. Si on emmanche un diapason la, à l’extrémité d’un tube de caoutchouc fixé hermétiquement à l’oreille droite par l’autre bout, et si on adapte hermétiquement à l’oreille gauche un tube en caoutchouc transmettant les pressions d’une poire à insufflation de Politzer, toute pression douce effectuée sur la poire à gauche produit une légère atténuation du son perçu à droite que l’auscultation permet de constater ; en effet, d’un côté la chaîne des osselets actionnée mécaniquement tend et enfonce la membrane du tympan ; de l’autre côté, le même effet se produit physiologiquement ; il y a donc, en même temps que des déplacements passifs, production de mouvements actifs, synergiques d’accommodation dans les deux oreilles. L’odorat ne peut s’exercer qu’avec des mouvements respiratoires, le goût qu’avec des mouvements de la langue.

De même, il n’y a pas d’idée sans mouvement possible ou réel. L’observation journalière confirme les données d’appareils comme les pléthismographes et la balance de Mosso, qui enregistrent des modifications dans les phénomènes vasculaires en corrélation avec la plus légère émotion. En 1853, Chevreul faisait justice des pendules dits explorateurs et des baguettes dites divinatoires, en prouvant que les mouvements observés, si l’on tient un anneau suspendu par une ficelle, sont le produit de mouvements inconscients, dont le sens est déterminé par l’idée ; en outre la vision du pendule avait pour effet d’accroître l’amplitude des oscillations. On a confirmé l’exactitude de ces observations. Il se peut cependant que les diverses matières explorées exercent une influence subjective qui détermine le sens des mouvements du pendule ; mais la nature de cette influence dépendant de l’état normal ou pathologique des sujets ne peut être mise en évidence d’une manière constante par cet appareil. Récemment, M. A. Charpentier attirait l’attention sur une illusion d’optique qui est une nouvelle preuve des liaisons de l’appareil optique et des appareils de préhension. Lorsqu’on regarde pendant quelque temps dans une complète obscurité, un objet immobile, de petit