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NOTICES BIBLIOGRAPHIQUES


A. David-Sauvageot. Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art. Paris, Calm. Lévy, 1889, iv-457 p., in-12.

Le livre de M. D.-S. est une longue réponse à une question peut-être mal posée. Que cela soit dit sans manquer de révérence à l’Académie des sciences morales et politiques. Étude historique et critique sur le réalisme dans la poésie et dans l’art, qu’est-ce que cela voulait dire au juste ? Il ne me paraît pas que l’auteur du mémoire couronné ait pris le bon biais pour mettre le sujet au point. Il montre beaucoup d’érudition, sans doute, mais il ne sait pas toujours la gouverner ; il a travaillé sur un certain plan, j’ai peur cependant qu’il ne manque de méthode.

On lit à la page 338 : « Chaque art est en effet un instrument particulier d’analyse qui par ses procédés restreints en nombre comme en puissance ne saisit que certaines formes de la réalité. » Cette remarque portée si loin aurait mieux été placée au commencement. Le livre était là, à mon avis. Il eût fallu définir les conditions particulières à chacun des arts, expliquer l’histoire du théâtre ou de la peinture, par exemple, par l’état variable de leurs conditions, soit dans le milieu social, soit dans l’artiste lui-même, bref, rattacher la querelle du réalisme à la question générale dont elle dépend. M. D.-S a cru devoir se tenir étroitement à la lettre du sujet. Il s’est donné beaucoup de mal pour faire le départ des œuvres qui seraient réalistes et de celles qui seraient idéalistes, il a subi l’empêchement des mots, et il a paru réduire toute la critique à la distribution de l’idéal et du réel dans une œuvre d’art. C’est dommage, car il voit plus loin ; son livre est riche de faits, de bonnes remarques, auxquelles il manque seulement un lien plus solide. Mais l’ordonnance des matières, je le répète, ne saurait jamais remplacer une méthode de recherches.

Peut-être M. D.-S. a-t-il senti ce défaut lui-même. Qu’il ne s’attarde pas, en tous cas, dans ces polémiques stériles, qui ont pour unique effet d’irriter l’artiste ou de le gêner, quand par hasard il ne les ignore point !

Lucien Arréat.