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vie qui nous intéressent particulièrement. Je transcrirai donc une note de M. G., certainement instructive. Mill n’a jamais été, nous dit-il, disciple de Comte : il s’est expliqué là-dessus très clairement dans son Auto-biographie. Comme économiste, comme philosophe, il était le fils de ses grands devanciers, Locke, Hume, Berkeley, et d’abord l’élève de son père. Il n’a pas recu d’Auguste Comte, qui n’était point en mesure de la lui offrir, sa théorie de l’induction. « Ce que le penseur anglais dut vraiment à son coreligionnaire français (Geistesver wandten), ce fut une vue plus profonde de l’évolution historique, et, sous le rapport de la méthodologie, la claire intelligence de la « méthode déductive renversée », comme la plus propre aux recherches d’histoire et de statistique. En un point, et malgré ses singularités, Comte fut peut-être le plus sage des deux : il tint les réformes politiques pour relativement inefficaces et peu importantes auprès des changements dans les opinions des hommes. À lui du moins furent épargnées ces désillusions que Mill et son ami Grote ont cruellement senties… Tous deux virent dans leur âge mûr les rêves politiques de leur jeunesse en grande partie réalisés ; mais les bénédictions qu’ils en avaient attendues ne s’étaient produites qu’en une faible mesure.

Lucien Arréat.

Max Dessoir. Das Doppel-Ich. (Le double-moi.) Siegismund, Berlin, 1889.

M. D. est un des fervents, en Allemagne, de l’école de Nancy Sa présente brochure appartient à la collection d’écrits de la Société berlinoise de psychologie expérimentale ».

M. D. formule ainsi la thèse principale qu’il a voulu établir dans ce travail : « La personnalité humaine se compose de (au moins) deux sphères schématiquement séparables, dont chacune reste cohérente par une chaîne de souvenirs ; l’hypnose peut être définie l’état de prédominance du moi secondaire, artificiellement provoqué. » Cette proposition trouverait sa raison dans trois ordre de faits :

1o Les mouvements automatiques. « Il se produit, dit en résumé M. D., dans le cours de la vie ordinaire, des actions qui supposent pour naître toutes les aptitude de l’âme humaine, et qui se déroulent pourtant sans la connaissance de l’individu. On les appelle automatiques. Il y a des mouvements automatiques (s’habiller, parcourir un chemin) et d’autres activités automatiques (compter des pas, additionner des nombres). Dans ces dernières apparaît clairement l’existence d’une mémoire séparée. Elles ont lieu également sans la connaissance de la personne, mais non pas sans conscience, « inconsciemment ». Elles appartiennent en quelque sorte à une conscience inférieure, qui obtient pour la première fois, si l’on accepte une double conscience, la considération qui lui est due auprès de la conscience supérieure beaucoup plus puissante. Regarde-t-on la conscience et le souvenir comme les