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Les contractions musculaires volontaires du membre sensible diffèrent de celles du membre anesthésique par les caractères suivants :

1o La hauteur de la courbe de contraction est plus grande ;

2o La ligne d’ascension et la ligne de descente sont plus rapides ;

3o Le temps physiologique de réaction est plus court ;

4o La durée d’un état de contraction faible et moindre, par suite de la fatigue qui survient assez rapidement, amenant avec elle des perturbations dans le rythme respiratoire et du tremblement dans le membre en expérience.

Ainsi d’une part, dans le côté sensible, la contraction est caractérisée par sa hauteur, par la brièveté de son temps de réaction, par le sentiment de fatigue qui accompagne son prolongement, par le tremblement qui accuse cette fatigue. Au contraire, dans le côté anesthésique, la contraction volontaire, même la plus énergique, a une hauteur moindre, une ligne d’ascension plus graduelle, un temps physiologique plus prolongé, et enfin l’état de contraction peut durer beaucoup plus longtemps sans que le sujet éprouve de la fatigue et manifeste du tremblement.

Toutes ces différences ne coexistent pas chez tous les sujets ; il en est chez lesquels la principale différence entre la main droite et la main gauche est uniquement dans le temps de réaction ; chez d’autres, c’est le chiffre de pression maximum qui est le fait saillant.

Après avoir fait un parallèle entre ces deux types bien opposés de mouvements, nous devons ajouter qu’on commettrait une erreur en affirmant que les mouvements du premier type appartiennent en propre au côté sensible et ceux du second type au côté anesthésique. Sans doute, c’est là le cas le plus fréquent. Mais il ne faut pas oublier que MM. Seglas et Chaslin ont vu l’état cataleptoïde survenir dans des membres n’ayant pas perdu le sens musculaire : d’autre part, on peut provoquer des contractures dans le côté sensible du corps. Il faut donc se contenter de distinguer deux types d’activité volontaire, sans chercher à les relier trop étroitement à la distribution de la sensibilité. Il est très intéressant de remarquer que l’état moteur qui caractérise la catalepsie et la contracture hystérique appartient au second type de mouvement, c’est-à-dire qu’il est produit par des contractions de faible intensité et de longue durée. La contraction volontaire du membre anesthésique contient donc les principaux traits de ces deux grands désordres de la motilité.

Nous nous bornons, dans ce travail, à mettre en opposition les deux types d’activité motrice volontaire que nous venons d’étudier chez quelques hystériques hémianesthésiques.

Alfred Binet.