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ÉTUDE MÉDICO-PSYCHOLOGIQUE

SUR UNE FORME

DES MALADIES DE LA MÉMOIRE


Les troubles de la mémoire attirent depuis longtemps l’attention des hommes qui s’occupent de psychologie. Dans bien des traités systématiques de psychologie ou de physiologie de l’esprit, on trouve des observations, des anomalies de la mémoire qui jettent un nouveau jour sur le mécanisme de cette faculté. Les travaux consacrés spécialement à la philosophie renferment souvent des articles qui traitent de la mémoire ou de quelque phénomène qui s’y rapporte. Toutes ces circonstances me font espérer que les observations dont je vais faire part présenteront un intérêt général, à part leur intérêt spécial.

Ces observations se rapportent à une forme de la mémoire qui a peu été décrite en médecine. Ayant eu l’occasion d’observer des cas assez nombreux de cette forme, je l’ai décrite avec assez de détails. On peut l’observer dans une maladie particulière du système nerveux, maladie connue sous le nom de « névrite multiple », c’est-à-dire d’une inflammation et d’une dégénérescence de plusieurs nerfs.

Plus tard je dirai ce qu’est la maladie appelée névrite multiple. Pour le moment je ferai remarquer que dans cette maladie, on observe souvent des altérations psychiques et surtout des troubles caractéristiques de la mémoire. Le malade, à première vue, paraît être resté ce qu’il était : il raisonne judicieusement, peut parfois causer avec esprit, mais il oublie presque instantanément ce qui vient de se passer.

Pour mieux me faire comprendre, je vais décrire sommairement un cas de cette maladie. C’était un malade de trente-sept ans, un