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En effet, sans elles, il serait difficile d’expliquer la combinaison des images et des idées, tandis qu’avec elles c’est relativement facile. Supposons qu’un homme ait perçu l’impression d’une cloche qui sonne. Le son, au moyen de l’organe de l’ouïe et des nerfs conducteurs, arrive aux cellules A de la substance corticale de la région temporale de l’encéphale. En même temps l’œil reçoit l’impression de la couleur et de la forme de cette cloche, mais ces impressions sont perçues par des cellules d’une autre partie du cerveau, B et C. L’excitation de ces cellules A et B ayant eu lieu en même temps, il s’établit entre elles un rapport qui fait que dorénavant elles seront aussi excitées simultanément, s’il se présente dans la nature une cause qui n’excite qu’une seule de ces cellules, c’est-à-dire que si l’on entend un son, on a aussitôt par association l’image de la forme et de la couleur de la cloche. Cette relation paraît s’établir parce que le courant nerveux passe plus facilement par les tubes d’association qui relient les cellules A, B et C, que par d’autres voies, ces tubes d’associations ayant déjà été excités simultanément. De cette manière, grâce à l’existence de ces tubes d’association, plusieurs groupes de centres nerveux peuvent conserver les traces ou les résidus d’excitations simultanées antérieures. Après cette digression nous pouvons plus facilement aborder la question de savoir si les traces des impressions sont conservées dans les cellules seules, ou si elles le sont également dans les tubes nerveux qui forment les voies d’associations et, d’après tout ce que nous venons de dire, nous devons répondre qu’il est difficile d’admettre théoriquement que, dans les tubes nerveux, il ne se fasse pas de changements moléculaires analogues et puis, d’un autre côté, nous avons beaucoup de faits, qu’on ne pourrait presque pas expliquer, sans admettre que dans les tubes nerveux qui servent de conducteurs, grâce à des excitations réitérées, il se fasse des modifications qui les rendent plus aptes à la conductibilité. Les différentes associations d’images appartiennent au nombre de ces faits. En présence de tout cela, nous devons croire que la fixation des impressions a lieu dans les tubes aussi bien que dans les cellules. C’est d’autant plus probable que l’on ne peut admettre qu’une impression soit fixée dans une seule cellule ; il est plus probable que toute impression reste fixée dans plusieurs cellules et pour que cette impression puisse être reproduite plus tard, il faut que toutes ces cellules qui ont conservé les éléments de la même impression puissent être excitées d’une manière tout harmonique (simultanément ou dans une certaine succession). Cela ne peut arriver que si, dans les conducteurs qui les relient, il s’est conservé aussi des traces de l’excitation qui s’est produite pendant l’impression. Nous voyons