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KORSAKOFF.des maladies de la mémoire

veux qui font partie de l’appareil d’association. Il peut se faire que la cellule elle-même souffre en même temps, mais son état morbide ne peut, en tout cas, jouer le rôle principal dans cette forme de maladie, parce que, dans le cas de désorganisation grave de la constitution de la cellule nerveuse, on ne pourrait expliquer le rétablissement de la mémoire que nous avons observé, et, d’un autre côté, on ne peut expliquer la longue durée de la maladie par un trouble faible. Au contraire, dans les tubes nerveux, des désordres profonds même peuvent se rétablir ; tant que subsiste le cylindre-axe, le tube nerveux peut se reconstituer. Cependant, même sans que le cylindre-axe disparaisse, les tubes nerveux peuvent éprouver des altérations essentielles qui sont suffisantes pour troubler leurs fonctions pour longtemps. Nous savons, par exemple, que même de faibles altérations de la myéline qui entoure le cylindre-axe doivent produire des troubles de la faculté fonctionnelle du tronc nerveux ; selon Meynert, qui s’appuie sur les recherches de Kühne et de Hoppe-Seiler, on peut croire que la substance médullaire (myéline), grâce aux propriétés du protagon qu’elle renferme, contribue à la nutrition du cylindre-axe, et, par suite, à la conductibilité de l’excitation. Cependant nous savons que la destruction complète de la substance médullaire n’entraîne pas après elle la destruction du tube nerveux, tant qu’existe le cylindre-axe ; après quelque temps la substance médullaire peut se reconstituer et le tube nerveux peut renaître ; même, quand le cylindre-axe est détruit le tube nerveux peut renaître, mais avec plus de peine et pas toujours, et, alors, le trouble fonctionnel, bien que capable de se rétablir, devra durer longtemps et ne pourra probablement jamais se rétablir intégralement. Mais si la cellule liée à un tube nerveux est détruite, la renaissance est presque impossible.

Ainsi donc, dans les différents degrés de désorganisation de l’intégrité des éléments de l’appareil d’association, nous pouvons trouver une explication suffisante pour les différents degrés de désordres que nous avons observés dans cette forme d’amnésie. Supposons que ce désordre ne soit pas uniforme dans toutes les parties de l’appareil, c’est-à-dire que, dans quelques-unes, il soit plus grave, dans d’autres, faible, dans d’autres encore qu’il n’en existe pas, et nous pourrons expliquer tous les phénomènes observés.

En donnant cette explication, je sais bien qu’elle n’est pas de grande valeur, parce qu’elle ne s’appuie pas sur des faits anatomiques, et qu’un seul fait de cette nature peut l’anéantir en un moment. Néanmoins, je m’y arrête, pour avoir au moins un fil conducteur dans les recherches anatomiques, l’appareil d’association