Page:Ribié - Geneviève de Brabant, 1804.djvu/14

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SCÈNE XII.

Golo, lisant.

« Dieu Puissant fais que je ne sois point encore vengé, suspends jusqu’à mon retour le supplice, je n’ose dire de la perfide ; depuis l’ordre fatal que je t’ai donné, plus de repos pour l’infortuné Sifroi, je veux me dérober à moi-même, je me fuis comme un criminel, je vois couler le sang de ma malheureuse épouse, cet affreux tableau me déchire. Ah ! conserve ses jours. Je n’existe que pour elle. Ton ami. » Sifroi.

Non, non, qu’elle périsse, qu’elle meure. L’ordre fatal est donné, il faut qu’il s’accomplisse ! Affreux rival ? ton bonheur ferait mon désespoir. Courrons nous assurer, si mes ordres sont exécutés. Malheur à qui m’aurait trompé… cette main percerait du même coup la perfide, et ses infâmes complices.

(Il sort.)

SCÈNE XIII.

(Le théâtre change, et représente une forêt noire. Plusieurs soldats paraissent et font le tour du bois, pour s’assurer s’il est solitaire, après une recherche exacte, Imbert précède Geneviève et son enfant. Il fait signe aux soldats de s’éloigner.)

IMBERT, GENEVIÈVE, son fils.

Geneviève.

Ou me conduisez-vous ? Pourquoi retarder mon supplice ? Où si c’est vous, Imbert, qui devez me porter le coup mortel : ah ! par pitié, dites-moi, si mon enfant doit périr ?

Imbert.

Oui, madame, l’ordre fatal est donné.

Geneviève.

Si vous conserver un reste d’humanité, ah ! ne me faites pas, périr deux fois, en me rendant témoin de la mort de cet infortuné, de cette innocente créature, que la mère soit la première victime. (elle se met à genoux), Dieu ? être inconnu, toi, qui d’un regard, embrasse la nature entière, toi que nous ignorons, mais que nous sentons dans nous. Toi, devant qui tous les hommes sont égaux, écoute de ton auguste tribunal, une mère infortunée… Quand tu punis l’adultère et la cruauté, quand ta foudre écrasa celles qui trahissoient leur devoir, leur patrie, leur époux. J’ai béni ta puissance et ta justice, mais quand la vertu éprouve le même châtiment. Si elle a la force de ne point douter de ton existence ; jette un regard de pitié sur cette foible créature, et que ta clémence attendrisse