Page:Ribié - Geneviève de Brabant, 1804.djvu/15

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la société de ce monstre, qui va se baigner dans le sang de l’innocence ; frappe maintenant. Dieu nous voit, je l’ai prié, je suis sans reproche, et mon cœur est tranquille.

Imbert, (attendri.)

Ô vertueuse compagne du malheureux et crédule Sifroi, necrains rien, c’est le ciel qui t’a remis en mes mains pour te soustraire aux persécutions de l’infâme, Golo. Oui, j’ai feint de seconder ses cruels projets, pour les connaître tous et qu’il me chargeât du soin de sa vengeance. Il a exigé de moi la promesse de lui donner un témoignage terrible de cet odieux forfait. « Tu me rapporteras son cœur palpitant, je veux le voir, cet inflexible cœur, cet ennemi, ce tyran du mien, l’auteur de tous mes maux… » Voilà ses propres paroles ; j’ai tout promis, et je ne tiendrai rien que le serment sacré que j’ai fait à la face du ciel, de servir l’innocence, l’amour et la vertu.

Geneviève.

Qu’entends-je ? cher Imbert il se pourrait… ô mortel généreux, achève ton ouvrage, conduis-moi vers mon épux, fais triompher l’innocence, punisse le crime, et recompense l’homme vertueux et sensible. Ah ! courrons tous à ses pieds.

SCÈNE XIV.

Les précédents, GOLO, Soldats dans le fond.

Imbert.

Oui venez, il est maintenant plus à plaindre que vous, son cœur est percé de mille traits qui le déchirent, il vous adore, et vous croit parjure ; il n’est pas de supplice plus cruel pour un époux : volons tous dans ses bras, et que le traître reçoive…

Golo, (qui a écouté, s’avance et perce Imbert d’un coup de poignard.)

La mort… (Aux soldats.) Ecartez ce monstre de mes yeux… Et toi, perfide, ne crois pas échapper à mes coups, ton supplice était trop doux, sans doute, je veux que tous les tourmens t’accablent à la fois… Entraînez-là, et que mes ordres soient exécutés… Tremblez, si vous n’obéissez. Vous voyez si je sais punir les traîtres… Marchez. (Tout le monde sort.)

(Le théâtre change et représente une vue de mer, un très gros rocher au milieu.)

SCÈNE XV.

{{didascalie|Plusieurs pêcheurs sont occupés à la ligne, d’autres au filet. Les femmes invitent les hommes à quitter leurs occupations, et à se livrer à la danse. Ils exécutent différens pas : le ciel s’obscurcit, le tonnerre se fait entendre, mais de loin. Les hommes invitent les femmes à ne point abandonner cette île ; leur font voir que l’orage ne vient pas de ce côté. La