Page:Ribié - Geneviève de Brabant, 1804.djvu/16

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danse recommence ; mais on voit que l’éclair brille : le tems devient tout-à-fait orageux, la mer grossit, les hommes et les femmes se sauvent.}}

SCÈNE XVI.

Il parait une petite barque battue par les flots, et conduite par un homme ; Geneviève et son fils sont dedans et lèvent les bras au ciel pour implorer sa clémence. La barque vingt fois est prête à se briser contre le rocher ; enfin le conducteur saute dessus, fait sortir Geneviève et son enfant, et les dépose sur le rocher. Ils gravissent sur le sommet : on ne les apperçoit qu’a la lueur des éclairs. Au moment où l’infâme conducteur va pour remettre le pied dans la barque, et abandonner les malheureuses victimes, le tonnerre éclate et le tue. Il tombe dans la mer et disparait. Geneviève tombe évanouie sur le sommet du rocher ; son enfant se jette sur elle et la rappelle à la vie. L’orage s’éloigne et le ciel devient plus clair. La barque, abandonnée à la fureur des flots, semble se rapprocher du rocher : c’est l’espoir de Geneviève ; elle prend son fils dans ses bras, descend au pied du rocher, s’élance dans la barque, elle lève les bras au ciel, et s’abandonne à le grâce de dieu. La lame la favorise, et conduit la barque sur le rivage.

Fin du second Acte.

ACTE TROISIÈME.

(Le théâtre représente le salon du premier acte.)

SCÈNE PREMIÈRE.

Golo, (seul.)

Quelle incertitude ! Je flotte entre la crainte et l’espoir. Je n’ai point encore de nouvelles de celui que j’ai chargé d’abandonner à la fureur des flots, celle dont les dédains feront éternellement le supplice de ma vie. Le sort de la perfide est mille fois moins à plaindre que le mien. Une lame peut l’engloutir, et ses maux sont finis. Mais, moi, je suis né pour être éternellement malheureux. Sifroi arrive aujourd’hui, autre embarras ; il faudra le consoler, lui dire que sa lettre est arrivée trop tard. J’ai tout préparé pour le distraire, et lui faire oublier sa malheureuse épouse. Je ne veux pas lui laisser le tems de respirer ; fêtes, concerts, chasse, tout est prêt. Il me croit son ami, il épanchera sa douleur dans mon sein, il me parlera de sa cruelle épouse : c’est encore un nouveau supplice ; n’importe,