Page:Ribié - Geneviève de Brabant, 1804.djvu/17

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faisons face à l’orage. (On entend une marche.) Dieu ! le voici. Allons au devant de lui ; et feignons de partager sa douleur.

(Il sort.)

SCÈNE II.

Le théâtre change, et représente le jardin du second acte. D’un côte la statue de Sifroi, et de l’autre celle de Geneviève avec ces deux inscriptions. Au bas de la statue de Sifroi, on lit : Ma patrie, dieu et ma femme, voilà mes divinités. Au bas de celle de Geneviève, on lit : Ta gloire et ton amour, voilà mon bonheur. Les paysans arrivent de toutes parts pour aller au devant de Sifroi ; ils écoutent la marche qui approche. Les soldats paraissent ; Sifroi est au centre ; Golo, l’accompagne, et veut le consoler : sa perfidie perce à travers ses démonstrations d’amitié. Tous les villageois félicitent Sifroi sur son heureux retour ; il les remercie avec bonté. Il les prie de le laisser un instant seul avec Golo. Tout le monde se retire. Il se jette dans les bras de Golo, et laisse épancher sa douleur. Golo veut, mais en vain, le consoler.

SCÈNE III.

SIFROI, GOLO.

Sifroi.

Ah ! j’ai trop vécu. Malheureux que je suis ; mon cœur, qui toujours fût innocent, vient de se couvrir d’un opprobre éternel : Eh quoi ? c’est moi qui ai pu livrer l’épouse la plus chère au trépas le plus affreux !

Golo.

Il est vrai, qu’à cet ordre barbare, je n’ai pas reconnu l’âme sensible de mon ami, de ce généreux Sifroi.

Sifroi.

Eh ! pourquoi donc m’avoir obéi ?

Golo.

Un homme délicat, tel que moi, est prompt à servir l’amitié.

Sifroi.

Mon ami ! toi, malheureux ! Tu as immolé la moitié de moi même. Le trait est dans mon cœur, et ma vie est condamnée à d’éternels remords, et voilà ton ouvrage… Ah ! pardon, pardon, cher Golo, j’outrage l’amitié.

Golo.

Je vous excuse, malgré votre injustice et je partage sincèrement votre affreuse situation. Ah ! je voudrais au prix de tout mon sang pouvoir la soulager.

Sifroi.

Ah ! oui, ton amitié seule me reste, et c’est dans ton cœur que je veux vivre désormais.