Page:Ribié - Geneviève de Brabant, 1804.djvu/7

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SCÈNE II.

GOLO, IMBERT.

Golo.

Je te cherchais. J’ai les nouvelles les plus heureuses ; mon triomphe est certain. Sifroi m’a rendu le maître des destinés de Geneviève. Il ne voit plus en elle, qu’une perfide épouse. Je la lui ai présentée sous les traits les plus affreux… et voilà sa réponse. (Il la montre à lmbert).

Imbert, (après avoir lu.)

(A part.) O comble de la scélératesse (haut) ; mais vous avez donc perdu tout espoir de la rendre sensible à vos feux.

Golo.

Non, je puis encore être heureux, et je vais faire les dernières tentatives.

Imbert.

Mais si le hasard vous faisait triompher de son indifférence, comment la justifier auprès d’un époux.

Golo.

Alors, j’irais au-devant de Sifroi… je lui dirais, qu’attentif à tout ce qui peut l’intéresser, j’ai été trompé par de fausses apparences, que le séducteur qui me portait ombrage n’eu voulait qu’à une des femmes de la maison, et que son épouse plus que jamais, est digne de toute sa tendresse.

Imbert.

C’est-à-dire, que si Geneviève est vertueuse vous la faites coupable, et qu’elle devient innocente, si vous la rendez criminelle.

Golo.

C’est cela,

Imbert.

Mais ne craignez-vous point les suites funestes d’une pareille entreprise ?

Golo.

Un bonheur présent nous fait toujours braver un obscur avenir.

Imbert.

Mais cette femme que vous aurez chargée d’un forfait supposé, que deviendra-t-elle ?

Golo.

Nous la perdrons, s’il le faut, pour qu’elle ne nuise point à mes projets.

Imbert.

Oui, je le sens, il faut perdre quelqu’un.

Golo, (l’interrompant.)

Où se perdre soi-même quand on ne réussit pas… Si la réponse de Geneviève m’est favorable, tu vois le parti que je vais prendre… si elle me résiste, il n’y sera plus à balancer…