Page:Ribot - Les Maladies de la volonté.djvu/117

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nerveux avec une sorte de catalepsie temporaire des autres centres[1]. Mais je n’ai pas à étudier l’attention en elle-même ; ce qui nous importe, c’est de déterminer son origine, sa cause.

Il est clair que, dans les états ci-dessus énumérés et leurs analogues, la vraie cause est un état affectif, un sentiment de plaisir, d’amour, de haine, de curiosité : bref, un état plus ou moins complexe, agréable, désagréable ou mixte. C’est parce que la proie, le spectacle, l’idée de la victime, le problème à résoudre produisent chez l’animal, l’enfant, l’assassin, le mathématicien, une émotion intense et suffisamment durable qu’ils sont attentifs. Ôtez l’émotion, tout disparaît. Tant qu’elle dure, l’attention dure. Tout se passe donc ici à la manière de ces réflexes

  1. « Le processus si compliqué de l’attention est déterminé par les mêmes conditions anatomo-physiologiques des organes encéphaliques qui se rencontrent plus simples dans l’excitation sensitive. Ces conditions dépendent du processus continu de différenciation que subissent les éléments nerveux. Nous avons déjà vu un premier processus de différenciation dans le passage de l’onde (nerveuse) diffuse à l’onde restreinte, c’est-à-dire dans le passage de la sensation à la perception distincte : ce qui implique une localisation cérébrale. C’est un processus de différenciation encore plus grand que nous nommons attention : l’onde excitatrice devient plus restreinte et plus intense, plus localisée et plus directe : par suite, le phénomène entier prend une forme claire et distincte. » (Sergi, Teoria fisiologica della percezione, ch. XII, p. 216. Outre ce substantiel chapitre, on pourra consulter sur l’attention étudiée du point de vue de la psychologie nouvelle : Lewes, Problems of life and Mind, 3e série, p. 184 ; Maudsley, Physiol. de l’esprit, trad. franç., p. 457 ; Wundt, Grundzüge der physiol. Psychologie, 2e éd., p. 391 ; Ferrier, Les fonctions du cerveau, § 102.)