Page:Ribot - Les Maladies de la volonté.djvu/151

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ment de l’activité supérieure. À la voix de l’opérateur, l’hypnotisé se lève, marche, s’assied, voit des absents, voyage, décrit des paysages. Il n’a, comme on dit, d’autre volonté que celle de l’opérateur. Cela signifie en termes plus précis : Dans le champ vide de la conscience, un état est suscité ; et, comme tout état de conscience tend à passer à l’acte, — immédiatement ou après avoir éveillé des associations, — l’acte s’ensuit. Ce n’est qu’un cas d’une loi bien connue qui dans l’ordre psychologique est l’analogue du réflexe dans l’ordre physiologique : et le passage à l’acte est ici d’autant plus facile qu’il n’y a rien qui l’entrave, ni pouvoir d’arrêt, ni état antagoniste, l’idée suggérée régnant seule dans la conscience endormie. — Des faits, en apparence plus bizarres, s’expliquent de même. On sait que, en donnant aux membres de l’hypnotisé certaines postures convenables, on éveille en lui le sentiment de l’orgueil, de la terreur, de l’humilité, de la piété ; que, si on les dispose pour grimper, il tente une escalade ; que, si on lui met en mains quelque instrument de travail habituel, il travaille. Il est clair que la position imposée aux membres éveille dans les centres cérébraux les états de conscience correspondants, auxquels ils sont associés par de nombreuses répétitions. L’idée une fois éveillée est dans les