Page:Ribot - Les Maladies de la volonté.djvu/152

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mêmes conditions que celle née d’un ordre ou d’une suggestion directe de l’opérateur. Tous ces cas sont donc réductibles à la même formule : l’hypnotisé est un automate que l’on fait jouer, suivant la nature de son organisation. Il y a anéantissement absolu de la volonté, la personnalité consciente étant réduite à un seul et unique état, qui n’est ni choisi ni répudié, mais subi, imposé.

Dans le somnambulisme naturel, l’automatisme est spontané, c’est-à-dire qu’il a pour antécédent quelque état cérébral qui a lui-même pour antécédent quelque excitation particulière dans l’organisme. Souvent ici, l’automatisme est d’un ordre supérieur : la série des états suscités est longue et chaque terme de la série est complexe. On peut en donner comme type le chanteur dont Mesnet a raconté l’histoire : si on lui présente une canne qu’il prend pour un fusil, ses souvenirs militaires ressuscitent ; il charge son arme, se couche à plat ventre, vise avec soin et tire. Si on lui présente un rouleau de papier, les souvenirs de son métier actuel ressuscitent ; il le déroule et chante à pleine voix[1]. Mais la répétition invariable des mêmes actes, dans le même ordre, dans chaque accès,

  1. De l’automatisme de la mémoire et du souvenir dans le somnambulisme pathologique. Paris, 1874. Voir aussi P. Richer, ouvr. cité, p. 391 et suiv.