Page:Ribot - Les Maladies de la volonté.djvu/153

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donne à tous ces faits un caractère d’automatisme très net d’où toute volonté est exclue.

Il y a pourtant des cas équivoques. Burdach nous parle d’une « très belle ode » composée en état de somnambulisme. On a souvent cité l’histoire de cet abbé qui, composant un sermon, corrigeait et remaniait ses phrases, changeait la place des épithètes. Une autre personne essaye plusieurs fois de se suicider et, à chaque accès, emploie de nouveaux moyens. Les faits de ce genre sont si nombreux que, même en faisant la part de la crédulité et de l’exagération, une fin de non recevoir est impossible.

On peut dire : De pareils actes supposent une comparaison, suivie d’un choix, d’une préférence ; et c’est ce qu’on appelle une volition. Il existerait donc un pouvoir volontaire, c’est-à-dire une réaction propre de l’individu, — sourd, obscur, limité, actif pourtant.

On peut soutenir aussi que l’automatisme à lui seul suffit. N’est-ce pas une vérité reconnue que, à l’état normal, le travail intellectuel est souvent automatique et qu’il n’en vaut que mieux ? Ce que les poètes appellent l’inspiration, n’est-ce pas un travail cérébral, involontaire, presque inconscient, ou qui, du moins, n’arrive à la conscience que sous la forme de résultats ? Nous nous relisons, et nos corrections sont souvent spontanées, c’est-à-dire que le