Page:Ribot - Les Maladies de la volonté.djvu/172

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logie en science naturelle n’y trouveront rien à redire. Comme la volition n’est pas pour nous une entité impérative, régnant dans un monde à part et distincte de ses actes, mais bien l’expression dernière d’une coordination hiérarchique, et comme chaque mouvement ou groupe de mouvements est représenté dans les centres nerveux, il est clair que, avec chaque groupe paralysé, un élément de la coordination disparaît. Si la dissolution est progressive, la coordination sans cesse appauvrie de quelque élément ira toujours en se resserrant ; et, comme l’expérience montre que la disparition des mouvements est en raison directe de leur complexité et de leur délicatesse, notre thèse est vérifiée.

Nous pouvons d’ailleurs poursuivre cette vérification de notre loi, en rappelant ce qui se passe dans les maladies du langage, et ici nous pénétrons dans le mécanisme intime de l’esprit. Je ne reviendrai pas sur un sujet que j’ai longuement traité[1]. J’ai essayé de montrer que beaucoup de cas d’aphasie résultent d’une amnésie motrice, c’est-à-dire d’un oubli des éléments moteurs, de ces mouvements qui constituent le langage articulé. Je rappellerai que Trousseau avait déjà remarqué que « l’aphasie est toujours réductible à une perte de la mé-

  1. Voir Les Maladies de la Mémoire, p. 119 et suivantes.