battant à côté d’eux, » leur situation est plus relevée qu’elle ne l’est ordinairement chez aucun peuple ; pareillement au Dahomey, où les femmes sont aussi guerrière que les hommes, elles sont tellement considérées que l’organisation politique leur assigne a un rang officiellement supérieur à celui des hommes ». En opposant ces cas exceptionnels aux cas ordinaires, où les hommes, uniquement occupés de guerre et de chasse, exercent une autorité illimitée, tandis que les femmes, occupées à recueillir diverses matières alimentaires de peu de volume et à porter des fardeaux, sont réduites à un esclavage abject, il devient évident que la diversité des rapports avec les actions ambiantes est la cause de la diversité des positions sociales. Nous en avons vu un autre exemple dans les rares sociétés non civilisées, qui vivent habituellement à l’état de paix telles que les Bodos et les Dhimals des montagnes de l’Inde, comme les anciens Pueblos de l’Amérique du Nord, sociétés où les occupations ne sont pas ou n’étaient pas séparées par une démarcation profonde en militaires et en industrielles, et appartenaient indistinctement aux deux sexes ; chez lesquelles enfin avec une différence relativement faible entre les fonctions des deux sexes, il n’y a ou il n’y avait qu’une faible différence dans leur état légal.
Il en est ainsi quand nous passons de la différenciation politique plus ou moins grande qui résulte de la différence du sexe, à celle qui se produit entre les hommes. Lorsque les peuples mènent une vie constamment pacifique, les divisions nettes de classes n’existent pas. On peut citer à l’appui le nom d’une des tribus indiennes des montagnes, dont j’ai souvent parlé comme un exemple d’honnêteté, de véracité, d’amabilité, aussi bien que d’une vie purement industrielle. « Tous les Bodos et les Dhimals, dit Hodgson, sont égaux ils le sont absolument en droit, ils le sont merveilleusement en fait. » On en dit autant d’une autre tribu montagnarde, paisible et aimable « les Lepchas ne connaissent pas les distinctions de classes. » Enfin, chez une race différente, celle des Papous, les paisibles Alfourous montrent « les uns à l’égard des autres un amour fraternel, » et n’ont pas de divisions de rang.
De même que, dès le début, la relation domestique entre les sexes se transforme en une relation politique, à ce point que les hommes et les femmes deviennent, dans les groupes militants, la classe gouvernante et la classe sujette, de même la relation de maître à esclave primitivement domestique, se transforme en une relation politique, aussitôt que, par l’effet des guerres habituelles, la coutume de réduire les captifs en esclavage devient générale. C’est avec la formation d’une classe servile que commence la différenciation politique entre
