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h. lachelier. — l’enseignement de la philosophie

philosophie. Comme théoricien Zeller est plutôt partisan du retour au criticisme de Kant ; Kuno Fischer, presque seul en Allemagne, fait tous les deux ans un cours de Logique et Métaphysique qui est une des meilleures préparations à la logique de Hegel. D’autres, comme le professeur Carrière, à Munich, ne sortent presque jamais du domaine de l’Esthétique. M. Carrière est moins un philosophe théoricien qu’un grand lettré et un artiste. Enfin quelques-uns sont moralistes.

L’influence de la métaphysique post-kantienne tend, en somme, à disparaître. Les rares professeurs qui l’enseignent encore ne seront probablement pas remplacés.

L’école de Herbart est également en train de perdre l’importance considérable dont elle jouissait il y a une vingtaine d’années. Les Herbartiens sont encore nombreux, dit-on, en Autriche ; il est certain que les plus récents traités de psychologie herbartienne ont paru a Vienne ou à Prague et que le professeur de philosophie le plus influent de l’Université de Vienne, M. Ztmmermann, appartient à l’école de Herbart. En Allemagne, les Herbartiens proprement dits sont beaucoup plus rares ; ils ne sont représentés que dans un petit nombre d’Universités. Parmi eux se trouve pourtant le chef reconnu de l’école, M. Drobisch, professeur à Leipzig depuis plus de cinquante ans, et dont l’enseignement très suivi, a exercé une grande influence pendant un demi-siècle. Les Herbartiens ont pour domaine préféré, la Logique et la Psychologie ; presque tous ont abandonné la métaphysique de leur maître, dont ils conservent à peine, en Psychologie, la théorie de l’âme. M. Drobisch fait alternativement un cours de Logique et un cours de Psychologie.

Chez les jeunes professeurs, la tendance générale est le retour à Kant ou, pour être plus exact, à l’esprit Kantien ; car la philosophe scientifique, qui prend chaque jour une extension plus grande, prétend rester elle aussi sur le terrain du criticisme.

Quand Zeller et surtout Lange eurent démontré la nécessité de revenir à Kant pour échapper d’un côté à l’idéalisme outré de la droite hégélienne et de l’autre au matérialisme absolu et grossier des Büchner et des Moleschott, il se forma toute une école de jeunes philosophes, qui entreprirent de ramener la philosophie à Kant, et que l’on appela les Néo-Kantiens. Le programme de cette école fut d’abord de faire tomber les objections trop faciles faites à Kant par des esprits qui avaient mal saisi sa véritable pensée ; et ensuite de soumettre la critique du maître, à une nouvelle critique, afin de la mettre en parfait accord avec la science, et de la débarrasser des restes de dogmatisme et de scolastique qu’elle contient encore. Le