Néo-Kantisme a pris, depuis 1865, une grande extension en Allemagne et il semble que c’est dans ce sens que doit progresser dorénavant la philosophie d’outre-Rhin. Citons parmi les représentants les plus distingués de cette école : Jurgen Bona Meyer de Bonn, Cohen de Marburg, Windelband de Fribourg en Brisgau.
On peut considérer enfin comme une branche du Néo-Kantisme, et l’une des plus importantes, la nouvelle philosophie critique et scientifique représentée par exemple par M. Wundt à Leipzig. Mais les psychologues et les logiciens de cette école combattent à peu près toutes les théories particulières de Kant ou, tout au moins, les transforment de manière à les rendre méconnaissables. Leur théorie du temps et de l’espace, de la substance, de la cause, de la fin est souvent bien loin de celle de Kant. Ils conservent seulement l’idée fondamentale du criticisme, à savoir que l’expérience est le produit d’une élaboration que la Pensée, conçue comme une activité, fait subir aux données des sens. Leur philosophie est une sorte de positivisme idéaliste. Le pur positivisme, celui des Anglais, n’a pas de représentants dans les universités allemandes ; on petit-donc dire que partout où l’influence de Hegel et de Herbart a disparu, c’est le pur esprit de Kant qui domine. Et comme Hegel et Herbart sont eux-mêmes dérivés de Kant, il est vrai de dire que Kant est le grand maître de la philosophie allemande[1].
Venons maintenant aux matières enseignées aux cours proprement dits.
III
I. Le fond de l’enseignement philosophique donné dans les universités par les représentants de ces quatre écoles est formé essentiellement : 1o par l’Histoire de la philosophie ancienne et moderne ;
- ↑ Les lecteurs de la Revue connaissent l’esprit et la tendance des principales Revues philosophiques allemandes. On peut les classer ainsi :
École dérivée de Hegel : Zeitschrift für Philosophie und Philosophische Kritik (Fichte et Ulrici).
École herbartienne : Zeitschrift für exacte Philosophie (ne parait plus depuis 1875).
Tendance herbartienne : Zeitschrift für Völkerpsychologie u. Sprachwissenschaft (Lazarus et Steinthal).
École critique empirique : Vierteljahrschrift für wissenschaftilche Philosophie (Wundt et Heinze).
École zoologique et darwiniste : Le kosmos.
Les Philosopische Monatshefte ne sont l’organe d’aucune école particulière.
