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ANALYSESpompeyo gener. — La Mort et le Diable.

la loi au-dessus de la divinité et la justice au-dessus des caprices de l’Olympe. L’auteur oublie la divinité de l’Αναγκη. Il confond étrangement Socrate et Alcibiade qui serait un héroïque iconoclaste, au service de l’archéologie sacrée.

Il reproche à la décadence romaine de n’être pas entichée de la vie ; sa conclusion est que le christianisme, amalgamant toutes les philosophies et toutes les superstitions antiques en un dogme universel du salut exclusivement possible dans la vie d’outre-tombe, clôt la période théologique et fait l’esprit humain un défi qui le poussera à l’émancipation.

Son essai d’histoire du moyen âge contient une enquête serrée d’une page sur la morale des barbares, sur leur religion féroce, sur « ces races tristes, mornes, antipathiques à la vie expansive, disposées au drame et au merveilleux qui se sentaient par là disposées à recevoir une religion mélancolique le christianisme. » — « Lorsque ces races eurent fini de hurler, elles se mirent à pleurer. » Les pénitences, la pensée perpétuelle de la mort excitent l’hilarité de M. Pompeyo Gener, et il estime que le monde fut bien attrapé à minuit, le 1er de l’an 1000. Il juge le mouvement des croisades décivilisateur. D’après lui, le corps humain se modifia, les jambes s’amaigrirent, le ventre acquit plus de volume et la capacité du crâne diminua notablement. Il fait remonter aux fictifs empoisonnements des eaux par les Juifs la date de la création du Juif errant, sur laquelle d’ailleurs il répète M. Schœbel. Pour sa danse macabre, il ne s’est pas moins bien servi de MM. Fr. Douce et Fortoul, et il s’est complu à analyser le Dies iræ, dont il a senti le très grand effet artistique.

Néanmoins la Renaissance est le retour de la vraie beauté les papes s’agenouillent devant l’antiquité restaurée, et l’idée de la mort redevient païenne. Tout ces éléments luttent contre le catholicisme, qui se réfugie en Espagne. Nous ne suivrons pas l’auteur sur ce terrain essentiellement local ; l’Espagne n’a pas été tout dans la Renaissance ; quant au chapitre de la Révolution, il est exempt d’idées.

La puissance diabolique et mauvaise daterait en Egypte du bouleversement des Hyksos, au moins dans son incarnation de Set ou Typhon. Auparavant, c’eût été un serpent ou un dragon sans attributions spéciales. Set fut ta personnification de la valeur et de la force, puis celle des maux apportés par la nature et des invasions barbares. Les Hyksos, le trouvant établi, le confondirent avec leur dieu Sutech. On lui bâtit un temple à Ha-uar ; il leur donnait la force et la vie éternelle, il leur donnait la basse Égypte, comme Hor la haute Égypte. On le traitait de dieu bon, astre des deux mondes, fils du soleil, souverain maître de la victoire, et on lui fit tuer le dragon, monstrueux symbole du mal. Au retour des Egyptiens, Set eut sa décadence, et l’on raconta qu’il avait fui, monté sur un âne. Il fut le reptile Baba, Smu, Apap, écrasé par Hor. Il fut invoqué pour les maléfices et vaincu après des