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ANALYSESmaugeri. — Il positivismo e il razionalismo.

pas inattaquable. Il regarde la conscience comme la terminaison du phénomène, comme arrivant à la fin du processus physiologique, alors que l’on s’accorde généralement à en faire plutôt un phénomène concomitant, un fait qui accompagne le fait physiologique. Il ne me semble pas que M. Sergi apporte des raisons concluantes à l’appui de sa thèse, et cette thèse ne rend pas plus simple et plus facile l’explication des phénomènes et de leur rapport.

À mon avis, on a beaucoup trop appuyé sur la différence entre les faits psychiques et les faits physiques ; on a voulu voir un gouffre infranchissable entre ces deux ordres de faits, et on en a déduit de graves conséquences philosophiques, qui ne me paraissent pas justifiées. On connaît les déclarations de Tyndall et de du Bois-Reymond, le fameux Ignorabimus. La question a été mal posée ; une analyse psychologique pourrait contribuer beaucoup à l’éclaircir, je crois. Plusieurs tentatives ont été faites d’ailleurs, une entre autres par M. Taine. Mais il y a encore à dire sur la question. Au lieu de considérer l’esprit d’un côté, la matière de l’autre, il vaut mieux examiner les données des différents moyens de connaître que possède l’homme, voir comment se présente à nous l’esprit, comment se présente à nous la matière. On arrive ainsi à lever les difficultés et à concilier et même à fondre étroitement ensemble plusieurs opinions bien différentes en apparence, depuis l’idéalisme absolu jusqu’à la théorie qui fait de l’esprit une propriété de la matière.

Fr. Paulhan.

Antonino Maugeri. Il positivismo e il razionalismo ossia missione della scienza in questo ultimo decennio 1870-80. Catania, Tipografi nazionale di A. Elia. In-8o, 307 p.

M. A. Maugeri est professeur de philosophie rationnelle à l’Université royale de Catane, doyen de la Faculté de philosophie et lettres, et membre de plusieurs Académies italiennes et étrangères. La Revue a déjà eu à s’occuper de lui[1], à propos d’un opuscule intitulé : L’Italia al cospetto delle nazioni. L’auteur de l’article de la Revue, après avoir relevé quelques singulières assertions de M. Maugeri sur la situation philosophique, terminait par ces mots : « Nous souhaitons vivement à l’auteur d’être mieux renseigné une autre fois. » Je constate avec regret que ce souhait n’a pas été exaucé. Le nouveau livre de M. Maugeri fourmille d’erreurs, et cela est d’autant plus fâcheux que M. Maugeri a voulu probablement, si l’on en juge par la longueur de son livre, faire un ouvrage important, et que c’est un tableau du mouvement philosophique dans ces dix dernières années qu’il a prétendu nous donner. M. Maugeri veut combattre à la fois le rationalisme et le positivisme,

  1. Avril 1876, p. 427.