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l’autre. Si cet arbre est sur le bord d’une rivière que je ne peux traverser, je suis obligé d’inférer la distance par des calculs trigonométriques et l’espèce par quelque hasard qui m’envoie ses fleurs ou ses feuilles. Ce cas donne une idée de cas infiniment plus complexes où nous sommes obligés d’employer des calculs très longs, pour déterminer ce qui serait très simple si nous pouvions agir comme dans le cas du premier arbre (déterminer le degré de chaleur au centre de la terre, etc.). — De même pour le temps. Que de recherches laborieusement faites par l’historien seraient simplifiées, si nous pouvions nous transporter au siècle qui l’occupe et juger avec notre esprit, non sur des témoignages souvent incomplets ! Par exemple, on discute beaucoup pour savoir si notre siècle est plus moral que les précédents. Quelle lumière sur ces points si un homme bien préparé pouvait aller, dans un autre siècle, étudier les hommes et vivre avec eux ! Tout ce qui peut contribuer à augmenter notre connaissance des conditions de temps et d’espace a donc une importance capitale ; or, à cet égard, il n’y a que deux moyens : la faculté de nous mouvoir à notre gré dans le temps et l’espace la faculté d’étendre à notre gré le temps et l’espace.

1o Si j’examine un petit objet, par exemple un canif d’une construction inaccoutumée, j’ai le grand avantage de pouvoir le remuer, tourner, examiner sous toutes ses faces ; à l’aide du mouvement, je contrôle les données de l’espace. Dans le temps, ce pouvoir me manque ; je ne peux aller qu’en avant ; je ne peux, relativement à l’événement, ni m’arrêter, ni aller à côté, ni aller en arrière. Que de problèmes physiologiques (par exemple le processus de germination d’une graine) seraient vite élucidés, si je pouvais agir dans le temps comme dans l’espace, voir dans diverses directions et parvenir ultérieurement à une synthèse !

2o Tout le monde sait combien l’invention du télescope et du microscope ont contribué à modifier les impressions que nous recevons des objets. — En ce qui concerne le temps, avons-nous des moyens d’atteindre un résultat pareil ? Avons-nous des moyens de rendre le temps plus long, comme nous en avons de rendre l’espace plus grand ? Y a-t-il quelque système de lentilles qui puisse étendre (si l’on peut ainsi parler) des rayons de lumière dans le temps ? Malheureusement non. L’auteur indique sous une forme purement schématique et comme simplement possible quelques procédés expérimentaux à l’aide desquels on pourrait peut-être étendre le temps pour les deux ordres de sensations qui nous en donnent principalement la notion : la vue et l’ouïe.

Shadworth H. Hodgson. La philosophie de M. Renouvier. Logique. — Article consacré presque exclusivement à une exposition. Nous ne reviendrons pas sur ce sujet, qui a été longuement traité ici, année 1877, tome I, pp. 321, 470 et 576.

D. Greenleaf Thompson. Le « Summum Bonum ». Nous traduisons la conclusion de cet article : « Une analyse serrée des phénomènes mentaux montre que la doctrine épicurienne, élargie sur certains rap-