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pour interdire toute discussion, du moins assez voisines de l’expérience pour se prêter à une vérification et susciter un débat utile. Le langage employé est d’une extrême simplicité. Pas un mot pour l’effet. On croirait lire un traité de physiologie. Çà et là on désirerait même un mode d’exposition un peu plus en dehors, plus de légèreté, plus de lumière apparente. Nulle part la clarté scientifique ne fait défaut. Nulle part en effet l’auteur n’abandonne le terrain des faits : sa méthode et son style dérivent de la manière même dont il entend l’objet de la science. « La psychologie, dit-il, s’occupe des phénomènes organiques qui ont pour caractère prédominant la conscience des fonctions, produits dans les centres de relation, et en même temps les antécédents immédiats de ces mêmes phénomènes conscients. »

Cette dernière ligne indique la part assez considérable faite par M. Sergi à l’étude des organes sensoriels et des centres nerveux. Mais, au lieu de placer cette étude dans un chapitre préliminaire pour l’abandonner et l’oublier ensuite comme l’ont fait certains auteurs, il la mêle constamment à son exposition, il ne cesse de s’appuyer sur elle, ce qui n’empêche pas son traité de rester un traité de psychologie, les données physiologiques n’intervenant que comme moyen d’élucidation et de contrôle.

Les déterminations numériques et les calculs tiennent une certaine place dans ce résumé. À la rigueur, on pourrait les négliger ; les principales théories n’en subsisteraient pas moins ; mais on ne voit pas pourquoi des étudiants que ne rebute pas la partie mathématique de la physique et de la chimie se laisseraient effrayer par les quelques équations de la psycho-physique.

Les faits psychiques sont divisés en trois groupes, correspondant à ce que l’on appelait autrefois les facultés : connaissance, sentiment. volonté. Le sentiment ou l’émotion est une qualité, un* mode des autres faits, plutôt qu’un fait concret sui generis ; ce qu’il y a d’essentiel dans le fonctionnement des centres de relation, ce sont d’une part les représentations par lesquelles le monde extérieur se peint dans la pensée, d’autre part les ordres de mouvement par lesquels l’être vivant répond pour sa défense ou son bien-être aux conditions constatées. L’activité intellectuelle d’où dépendent avant tout la conservation et le développement de l’être, de laquelle dérivent les impulsions combinées en vue des fins utiles, prend inévitablement dans la vie et doit occuper dans la science une place prépondérante. (Intelligence, p. 13-419. Sentiment p. 419-547. Mouvement et volonté. p. 547-617.)

Deux groupes de faits principaux se détachent parmi les faits intellectuels : 1o les faits de connaissance ; 2o les faits de conscience. M. Sergi distingue avec raison des faits de connaissance leur qualité d’être rapportés au moi qui en est le sujet. Il est vrai que nul fait n’est psychique sans être conscient à quelque degré ; il entre en même temps dans la sphère de la conscience et dans le domaine de la psychologie ; quand