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réaction du bon sens bourgeois contre la splendide poésie de l’idéalisme, dominant au commencement du siècle ; la jeune école positiviste française a corrigé les aberrations mystiques du maître.

En Allemagne, les deux écoles divergentes depuis Locke et Leibnitz, n’en ont pas moins des influences très marquées l’une sur l’autre : l’influence de l’Angleterre est psychologique et expérimentale ; l’influence de l’Allemagne est critique et systématique. En somme, le besoin d’unité scientifique et la croyance à la relativité du savoir humain pénètrent de plus en plus la philosophie contemporaine ; d’un côté, la tendance à la construction de systèmes définitifs, et de l’autre, la critique scientifique avec son examen sévère et ses fins de non-recevoir justifiées. En cet état de choses, la science est impuissante à tracer une règle sûre et pratique à la conduite humaine. Il faut, dans l’ordre de la moralité, s’en tenir à l’axiome absolu de Kant : « Le plus certain est ce qui est supérieur à toute démonstration, » Très peu nombreux seront toujours ceux qui vivront de leur pensée et demanderont à la science leur norme éthique ; mais il y aura un nombre infini d’hommes qui la tiendront du sentiment, de la foi, de l’imagination, de la persuasion affective et immédiate, en somme d’un je ne sais quoi non raisonné, instinctif, intime, senti. Tant que l’humanité existera, il y aura quelque idéal et quelque religion.

A. Zorli : Sur l’origine de quelques mythes. — Ce genre d’études est intimement lié à l’histoire primitive de l’homme. L’auteur débute par quelques généralités sur la psychogenèse des mythes ; il suit de préférence les hypothèses explicatives de Spencer en ce qui regarde le culte des pierres et l’idée concrète d’ange et de diable. Il apporte cependant un complément d’hypothèses sur ces trois questions.

S.-F. de Dominicis : La pédagogie scientifique et sa fonction sociale. — Ce sont là deux thèses que l’auteur déclare inséparables, mais dont l’une a l’autre pour antécédent nécessaire. Résumons les deux à la fois. Par la doctrine de l’évolution, la pédagogie renouvelle et améliore sa méthode ; elle substitue des bases scientifiques à ses bases abstraites ; elle marque d’une manière intime et profonde ses relations avec les autres sciences sociales ; elle trouve des critérium objectifs et historiques pour l’éducation de l’individu ; elle est enlevée à la direction d’un occasionnalisme empirique ou idéaliste ; elle est en mesure de déterminer scientifiquement sa fonction, à une époque donnée, tel moment historique, au point de vue individuel, général, national, international, scientifique, économique, industriel, esthétique. Un côté tout à fait original de cette pédagogie ultra-évolutionniste est qu’elle supprime l’observation psychologique de l’enfant, et même l’observation directe de l’homme, pour leur substituer l’universelle science des phénomènes psychiques, dont relèvent les psychés cellulaires tout comme les psychés humaines. C’est peut-être s’y prendre d’un peu loin pour étudier le sujet pédagogique : et, s’il vient à être un jour démontré que l’hypothèse évolutionniste a fait son temps, que restera-