Page:Ribot - Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome 14.djvu/220

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
216
revue philosophique

foi, et son illusion n’est pas difficile à comprendre, Si le grand homme emprunte à des précurseurs, c’est bien souvent, nous l’avons vu, à des hommes tenus jusque-là pour des faiseurs d’hypothèses décousues ou de vieilleries abandonnées. C’est après qu’il les a réhabilités, en recueillant et en élévant à une plus haute puissance leurs conceptions, que la foule les réhabilite elle-même. Mais nul que lui ne comprenait la portée possible de ces idées. Non content de prendre en elles ce qui pouvait alimenter son génie, c’est en lui qu’il prend la vie supérieure dont il les anime, pour les rapprocher et les confondre en un tout harmonieux et beau, qui sera fécond à son tour.

Ainsi donc, dans la formation de ces grandes choses qui sont la force des nations, la vie n’est pas faite par le concours fortuit, par la juxtaposition spontanée des éléments. C’est une forme de vie supérieure, déjà active et agissante, qui organise ces éléments. Nous arrivons à la nature et à l’action intime du génie.

(La fin prochainement.)
Henri Joly.

    naire. Tout inventeur vivant doit s’attendre à être nié, puis volé au profit des morts. » (L. Peisse. La médecine et les médecins, tome I, pp. 8, 10.)